L’endométriose peut être une cause d’infertilité

L’endométriose, maladie gynécologique, peut engendrer des règles douloureuses et être cause d’infertilité. Les douleurs peuvent être invalidantes également. C’est ce qu’ont expliqué le Dr Toolseeram Rugbursing, obstétricien et gynécologue, et Vanessa Vencatachellum, présidente de Living With Endometriosis Association.
L’endométriose n’est pas une fatalité. Il faut apprendre à vivre avec, rechercher le soutien de son entourage, car les douleurs peuvent être parfois invalidantes. Ces propos sont ceux du Dr Toolseeram Rugbursing, obstétricien-gynécologue et consultant en charge à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo, et de Vanessa Vencatachellum, présidente de Living With Endometriosis Association. Ils étaient les invités de Caroline lors de l’émission Allô docteur de Radio Plus.
Selon le spécialiste, 10 à 12 % des femmes à Maurice sont touchées par l’endométriose. Elle est souvent la source de dysménorrhées (règles douloureuses), de douleurs lors des rapports sexuels et d’hémorragies prolongées avant et après les règles. Dans 50 à 60 % des cas, l’endométriose est associée à l’infertilité. « Ces douleurs sont parfois lancinantes et invalidantes et dans certains cas il n’y a pas de douleurs. La maladie est découverte lors d’un examen de routine pour des raisons d’infertilité. C’est lors d’examens poussés qu’on constate une endométriose », a expliqué le Dr Rugbursing.
Le diagnostic peut se faire avant et après les règles, par imagerie par résonnance magnétique (IRM) ou par échographie. L’examen peut se faire aussi par des touchers vaginaux, par laparoscopie et par biopsie afin de confirmer le diagnostic. Il arrive également que des femmes vivent avec l’endométriose sans le savoir. Il y a deux types de traitements pour l’endométriose : médical ou chirurgical. Pour une jeune qui veut avoir un enfant c’est le traitement médical et conservatoire qui va être privilégié afin qu’elle puisse conserver ses chances d’enfanter.
« Il y a un arsenal de médicaments qu’on peut utiliser, à base d’œstrogènes progestatives, entre autres », a expliqué le gynécologue. Des antalgiques sont proposés mais dans certains, cela nécessite des doses plus puissantes à base de morphine. Mais il y a également des traitements radicaux pour celles qui ont déjà enfanté (45 ou plus). Il s’agit alors de l’ablation complète (hystérectomie) de l’utérus et des ovaires qui va permettre au taux d’œstrogènes de disparaître complètement et à la femme de ne plus souffrir.
Par ailleurs, on sait que l’endométriose disparaît avec la ménopause car le taux d’œstrogènes baisse. Pendant la grossesse, il y a une rémission de l’endométriose du fait de la sécrétion de progestérone. Cependant certaines femmes développent l’endométriose après la ménopause malgré une ablation car elles prennent des hormones de substitution à base d’œstrogènes pour traiter les symptômes post-ménopause pour combattre les bouffées de chaleur et la sècheresse vaginale.
Selon le Dr Rugbursing, si le diagnostic est fait rapidement, il est plus facile de traiter la maladie. Cependant les symptômes peuvent être différents. Certaines peuvent subir constipation ou diarrhées. Pour lui, un médecin devrait bien connaître cette pathologie et poser les questions appropriées à une patiente pour la déceler. Les femmes devraient aussi noter les différents symptômes qu’elles ressentent afin de pouvoir mieux orienter le médecin dans son diagnostic. L’endométriose est héréditaire, conséquence d’une mutation dans les chromosomes.
Gare aux tampons intra-vaginaux
Selon le Dr Rugbursing, le risque de souffrir d’endométriose est plus grand chez celles qui utilisent des tampons intra-vaginaux lors des règles, en raison de la présence de phtalate, dérivé de l’acide phtalique, dans le produit.
ANATOMIE DE L’UTÉRUS
L’utérus est composé de trois parties : couche externe (séreuse), couche intermédiaire (myomètre) et couche interne, (l’endomètre). L’endomètre est une muqueuse qui tapisse la cavité intra-utérine, se propageant à l’extérieur de l’utérus, les ovaires, les trompes et les organes avoisinants : intestins, vessie et parfois des tissus musculaires. L’endométriose apparaît dès l’âge de la procréation, c’est-à-dire dès l’apparition des règles. Selon certaines études, la consommation d’aliments trop gras augmente le risque de souffrir d’endométriose alors que les aliments riches en Omega 3 peuvent aider à la prévenir.
LIVING WITH ENDOMETRIOSIS
L’association Living with Endometriosis existe depuis 2018. Outre le soutien et l’écoute des femmes, l’association mène des campagnes de sensibilisation dans les centres communautaires ou même les collèges. Selon la présidente de l’organisation non gouvernementale, il y a, depuis peu, une plus grande sensibilisation et les femmes sont plus conscientes de la maladie. Cependant, nombreuses sont encore celles qui en souffrent sans le savoir. Mais elle note que le sujet est parfois tabou comme tout ce qui touche à l’intimité de la femme. Selon elle, nombreuses sont celles qui refusent d’en parler autour d’elles en raison de l’incompréhension qui entoure parfois la maladie.
Vivant elle-même avec l’endométriose, Vanessa Vencatachellum a expliqué que le soutien des proches est important pour mieux gérer et faire face à la maladie. Sous traitement depuis de nombreuses années, elle arrive à gérer la situation et n’a pas de douleurs. À travers l’association, les patientes arrivent à parler de leur expérience et se soutiennent mutuellement. « Ce n’est pas facile de vivre avec des douleurs tous les jours et là, elles partagent leur expérience », fait ressortir la présidente de l’association. Selon elle, avoir des douleurs pendant les règles alors qu’on souffre d’endométriose est difficile à gérer surtout quand on fait face à l’incompréhension.