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Trop d’hygiène peut nuire à la santé

Trop d’hygiène tue l’hygiène, pourrait-on dire ? Si l’exposition à certains microbes contribue à renforcer le système immunitaire, un excès d’hygiène peut s’avérer nuisible pour la santé. C’est ce qu’on fait comprendre les Drs Denis Li Kam Wa, gastroentérologue, et François Leung, pédiatre. Ils étaient les invités de l’émission Allô docteur de Radio Plus, où il était question du rôle et de l’importance du microbiote intestinale.

« Un surplus d’hygiène peut nuire à la santé mais cela ne veut pas dire que nous devons vivre dans un environnement insalubre non plus », dit le pédiatre François Leung. « Si nous vivons de façon stérile par rapport à ces microbes, nous n’aurons plus de réactions vis-à-vis d’eux et cela va entraîner des réactions allergiques plus importantes », explique le Dr Li Kam Wa, gastroentérologue.

Le microbiote intestinal est l’ensemble des micro-organismes qui vivent en nous ou sur nous. Ils ont besoin de nous et vice-versa pour le bon équilibre de l’organisme, dit le Dr Leung. Les microbiotes sont présents sur la peau, les fosses nasales, la flore intestinale et les voies respiratoires et génitales. Ils sont en très grand nombre, soit 10 à la puissance de 14, représentant ainsi deux kilos de notre poids normal.

Le Dr Li Kam Wa ajoute que la flore intestinale est le deuxième organe le plus important du corps après le cerveau. Il continue : « Le microbiote intestinal est considéré comme le deuxième cerveau de notre système. Il est même considéré comme le gouverneur de notre santé. L’être humain est unique et peuplé de plus de microbes que de ses propres cellules. »

Selon le Dr Leung, il ne faut pas être un obsédé de la propreté, car l’extrême hygiène peut engendrer un plus grand nombre d’allergies. « Nous devons vivre normalement sans tomber dans l’extrême saleté non plus. » Acquérir des microbes est valable, particulièrement pour ceux qui sont en bonne santé et un bon système immunitaire mais pas pour ceux qui ont des problèmes d’immunodépression. Les deux médecins précisent aussi que ne pas laver un objet tombé par terre avant de le rendre à un bébé ou un enfant en bas âge n’est pas véritablement un problème.

Le Dr Li Kam Wa indique que l’être humain, entouré de microbes depuis des millénaires, a appris à vivre avec. Selon lui, certaines tendances actuelles exigent que tout doit être stérilisé. Il affirme : « Nous devons apprendre à vivre avec les microbes qui sont autour de nous, d’autant que des recherches récentes ont montré que l’exposition à des microbes est importante pour les défenses futures. Aujourd’hui, il est dit que c’est mieux que l’enfant soit en contact avec la terre pour acquérir des microbes. Toutefois, et là aussi, le trop nuit même si rester en contact avec la nature est plus important qu’un milieu stérile. C’est mieux d’attraper une diversité de microbes que ce soit à travers les mains sales ou autres. C’est plus ‘sain’ d’avoir une diversité de microbes. »

D’après le Dr Leung, le microbiote favorise la digestion et une bonne absorption des aliments pour bien se développer et le bon équilibre neuro-hormonale. Cela participe au système immunitaire et aide à la défense des autres microbes et des allergies. Le Dr Lim Kam Wa ajoute que la diversité de bactéries permet d’avoir un certain équilibre et aide le métabolisme dans sa motricité et la défense de notre corps moral et cellulaire.

Bonnes bactéries

Les bonnes bactéries constituent la flore intestinale. C’est le microbiote. Il faut l’acquérir et c’est cela qui nous aide à avoir une bonne santé ultérieurement. « Cela commence dès la conception, explique Dr Leung. Durant la grossesse, la maman doit manger de façon saine et équilibrée. Avant même la naissance, l’enfant à des microbes normaux et présents dans le sang amniotique et dans le cordon ombilical. Quand un enfant naît par voie normale, il aura les microbes vaginaux qui vont participer à la flore intestinale de l’enfant.

Si c’est par césarienne, le bébé aura les flores du milieu hospitalier et de la peau de sa maman. Le lait maternel aide à avoir une bonne flore bactérienne alors que le lait artificiel ne le procure pas. La diversification des aliments doit aussi se faire par étape. » Ce n’est qu’après deux à trois ans que le microbiote commence à se stabiliser. Durant la période de 1000 jours de la conception deux ans après la naissance, il faut une bonne pousse de microbiote pour être en bonne santé à l’âge adulte.

Il faut une bonne hygiène de vie pendant la grossesse, conseille le Dr Li Kam Wa. C’est-à-dire une alimentation saine et équilibrée et pas de tabac, d’alcool et d’utilisation excessive des antibiotiques. L’excès d’aliments est proscrit, car cela aura des répercussions sur le bébé ultérieurement avec des risques d’obésité. Il faut aussi faire attention aux agressions externes des antibiotiques, car à chaque utilisation, on détruit une partie de la flore intestinale.

Lors d’un traitement d’antibiotiques, tous les médicaments doivent être pris et le traitement ne doit pas être interrompu, même si en apparence, le patient semble aller mieux, souligne le Dr Leung. « Si on arrête le traitement en cours de route, ce dernier élimine les microbes les plus faciles à tuer mais les plus résistants vont résister. On fait ainsi de la place pour les méchants microbes. »

Prébiotique et probiotique

Les probiotiques sont les bonnes bactéries pour supplémenter ce qu’on a dans les intestins. Ce sont des micro-organismes dont nous avons besoin dans notre corps. Par exemple, on les trouve dans le yaourt
Les prébiotiques, c’est ce qu’on va donner à manger aux probiotiques et aux microbiotes. Ils sont présents dans les fruits et légumes. On en consomme aussi régulièrement sans le savoir, car ils sont aussi dans l’ail et les oignons.

Développement de certaines maladies

Nous vivons dans un environnement où les microbes sont partout. Il faut essayer de vivre avec et de développer notre défense immunitaire. Il faut que l’enfant arrive à développer ses propres défenses. Quand on est dans un environnement stérile, le système immunitaire ne travaille pas suffisamment et il peut réagir contre lui-même. C’est ainsi qu’on développe les maladies auto-immunes tels que le lupus et d’autres pathologies (maladie de Crohn, rectocolite hémorragique, asthme). Le fait de sélectionner le microbiote peut développer l’obésité sans que ce ne soit lié à l’alimentation mais parce qu’on a détruit certains microbes. Une mauvaise flore intestinale peut causer diverses maladies inflammatoires : le cancer, des problèmes cardiaques, la dépression, les maladies hépatites, l’obésité, le diabète et le Parkinson.

Transplantation fécale

L’un des traitements de la diarrhée liée au « clostridium difficile », est la transplantation fécale considérée comme la meilleure méthode actuellement. Cela permet de refaire rapidement la flore intestinale du patient. La diarrhée liée au « clostridium difficile », une maladie qui peut être mortelle, ne peut être traitée par les autres antibiotiques. Les bons microbes sont recherchés chez un porteur sain et traités avant de faire la transplantation qui va apporter les microbiotes nécessaires au malade qui peut guérir entre 24 et 48 heures.

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