
La maladie d’Alzheimer n’est pas à prendre à la légère. Elle affecte la qualité de vie du patient et entraîne éventuellement le décès. Il est donc important de sensibiliser et d’éduquer sur cette maladie qui n’a pas de guérison.
À Maurice, l’Alzheimer Association Mauritius met l’accent sur la lutte contre la stigmatisation liée à la maladie d’Alzheimer. Sa présidente, le Dr Ameenah Sorefan, demande de ne pas banaliser cette maladie progressive affectant le cerveau. Plusieurs dizaines de membres de Rose-Belle Senior Citizens Association ont assisté à une causerie sur la maladie d’Alzheimer, le jeudi 19 septembre, au Rose Belle Multicomplex Hall. La présidente d’Alzheimer Association Mauritius (AAM), le Dr Ameenah Sorefan a expliqué devant une audience attentive, qu’AAM prévoit une panoplie d’activités pour informer, sensibiliser et éduquer la population à cette maladie.
Chaque année, le 21 septembre est décrété Journée mondiale de l’Alzheimer. Le thème de cette année était « Parlons de la démence ». Le Dr Ameenah Sorefan fait ressortir que la démence est un nom collectif des syndromes affectant la fonction cognitive. L’Alzheimer est un type de démence. « Alzheimer est une maladie progressive. Cela signifie que la fonction cognitive se détériore avec le temps notamment la mémoire récente, le langage, le changement de personnalité ou de comportement et la pensée. 70 % à 75 % des cas de démence sont la maladie de l’Alzheimer », dit-elle.
Elle ajoute que 90 % des cas de démence sont de type d’Alzheimer ou démence vasculaire. Les 10 % des cas restants sont chez ceux atteints de VIH, les usagers de la drogue, ou ceux atteints de Parkinson. La présidente note que dans le monde 50 millions de gens souffrent de démence. La maladie d’Azheimer est la cinquième cause de mortalité après le diabète, l’hypertension artérielle et les maladies cardiovasculaires. Elle est connue comme la maladie du 21e siècle.
« Chaque trois secondes, une personne souffre de démence dans le monde. Ce chiffre risque de doubler ou tripler dans les trente prochaines années. Nous n’avons pas encore réalisé des études à Maurice, mais 95 000 de personnes souffrent d’Alzheimer. Ce chiffre augmente considérablement », indique le Dr Sorefan.
Les précautions
Elle précise que quatre ans de cela, l’AAM a établi un plan d’action dans lequel une étude était recommandée. « Nous attendons toujours le feu vert des autorités concernées pour mettre en pratique le plan d’action. Il est temps d’arrêter la stigmatisation liée à cette maladie neurodégénérative », fait-elle comprendre. Le Dr Sorefan indique que la maladie d’Alzheimer fait partie des maladies mentales.
« La simple mention de maladie mentale, nous effraie et nous essayons de le cacher. Mais si on en parle, on aura les informations nécessaires et fiables. Il faut éviter de prendre la maladie d’Alzheimer à la légère. Il s’agit d’une maladie progressive qui peut mener à des complications et éventuellement au décès », précise le Dr Sorefan qui insiste sur le fait de ne pas banaliser cette maladie, « Quand une personne oublie quelque chose, on lui lance : tu souffres d’Alzheimer et on en rit. Il faut absolument mettre un terme à ce type de réaction. Nous sommes contre la stigmatisation. »
Le Dr Ameenah Sorefan explique que la maladie d’Alzheimer survient principalement chez ceux ayant 60 ans et plus. Certaines personnes dans la tranche de 40 à 50 ans peuvent souffrir d’Alzheimer. Dans ce cas, elle peut être héréditaire. « L’Alzheimer devient de plus en plus commun surtout que nous avons une population vieillissante. Nous disposons de 159 centenaires à Maurice, mais personne ne souffrent d’Alzheimer. Je pense qu’ils communiquaient beaucoup, vu qu’à l’époque, ils vivaient dans des familles nombreuses. Ils faisaient un travail manuel qui exigeait un effort physique », observe-t-elle.
Quels sont les symptômes ?
Si deux ou trois de ces signes persistent sur une période de deux à trois mois, il faut solliciter l’avis d’un médecin. Un diagnostic permettra de déterminer, s’il s’agit d’un Alzheimer, d’une dépression sévère ou d’une infection.
1. Perte de la mémoire récente liée aux événements importants. Par exemple, mon voisin est décédé la semaine dernière, mais je le cherche depuis ce matin.
2. Difficulté à respecter sa routine. Par exemple, je me lève, je prends ma douche, je m’habille, je prends mon petit déjeuner et je vais travailler. Mais au lieu de respecter cette routine, je me lève et je vais travailler directement.
3. Difficulté dans le langage. Par exemple, ne pas trouver le mot nécessaire pour désigner un objet – passe moi ceci ou cela au lieu de dire passe moi cette bouteille d’eau.
4. Désorientation dans le temps et l’espace. Par exemple, ne pas savoir le jour ou le lieu où je me trouve actuellement.
5. Erreur de jugement. Par exemple, la maison de mon voisin est la proie des flammes, au lieu d’appeler les pompiers, je reste là, à regarder.
6. Incapacité de suivre la chaîne des événements.
7. Oubli. Par exemple, garder son portemonnaie dans le réfrigérateur au lieu de le déposer sur la table.
8. Changement d’humeur.
9. Troubles visuels. Par exemple, incapacité à déterminer les couleurs.
10. Isolement.
Les facteurs de risque sont :
1. Le tabagisme.
2. La drogue.
3. Le diabète mal contrôlé – un excès de sucre dans le corps peut, par exemple, provoquer des inflammations.
4. Les maladies cardiovasculaires.
5. L’obésité et l’excès de cholestérol dans le corps.
6. L’hypertension artérielle.
7. La dépression.
8. Le stress.
9. La surdité.
10. Les personnes qui ne savent ni lire ni écrire, car le cerveau n’est pas utilisé au maximum de son potentiel.
Quelles sont les préventions ?
La prévention commence dès l’âge de 30 ans :
1. Prendre soin de son coeur en évitant de se stresser. Il faut manger des repas équilibrés et sains et de pratiquer des activités physiques. De plus, il faut exercer ses facultés intellectuelles, par exemple, en faisant du sudoku, des mots croisés et autres jeux de société.
2. Privilégier des débats et la communication pour exercer son cerveau.
3. Socialiser.
4. Boire de l’eau régulièrement.
5. Se sentir bien dans sa peau et prendre soin de sa santé.
Prise en charge
Identifiée par le neurologue allemand Aloïs Alzheimer, en 1906, la maladie d’Alzheimer n’a pas de guérison. Le Dr Ameenah Sorefan dit, toutefois, qu’il existe des traitements symptomatiques notamment un traitement qui est recommandé, si le patient est agité, déprimé ou a une perte d’appétit. « Il faut accompagner le patient et lui accorder de l’attention. L’entourage doit faire un effort pour comprendre la maladie. Le médecin traitant doit pouvoir conseiller la famille. La maladie d’Alzheimer n’est pas un handicap. Il faut vivre normalement », dit-elle.
D’ailleurs, elle déconseille de placer le patient dans un hospice, sinon il risque de perdre ses repères, il risque aussi de se désorienter, aggravant ainsi sa maladie. Pratiquer la marche peut aider à la coordination du patient. En tant que médecin spécialiste, le Dr Sorefan fait son diagnostic en se basant sur l’historique du patient, un examen du cerveau et des tests sanguins. « Il faut généralement quatre ou cinq consultations pour déterminer, s’il s’agit bien de la maladie d’Alzheimer », explique-t-elle.