L’adénome de la prostate ne doit pas être banalisé mais traité au moment opportun afin d’éviter d’éventuelles complications. C’est l’avis du Dr Issac Daureeawoo, chirurgien urologue au Wellkin Hospital, qui était l’invité de l’émission Allô Docteur.
L’adénome de la prostate est le grossissement de la glande vers l’âge de 50 ou 60 ans. On a constaté une hausse du nombre de cas de l’adénome de la prostate. De 255 cas en 2013, le nombre est passé à 424, selon les chiffres du ministère de la Santé. L’adénome de la prostate ne peut être prévenu, selon le Dr Daureeawoo. « Maladie silencieuse, c’est souvent quand le problème s’est aggravé qu’elle est découverte d’autant que ces signes sont aussi considérés comme normaux par certains et que le sujet est tabou. » L’adénome de la prostate provoque avant tout un problème mécanique. « Quand le patient va uriner, le débit étant faible ou modéré, la personne doit aller aux toilettes régulièrement afin de pouvoir vider sa vessie. » Ainsi, le malade doit aller uriner jusqu’à six à sept fois pendant la journée et au moins trois fois pendant la nuit. Ce qui a pour conséquence de perturber son sommeil.
La prostate est la glande située au-dessous de la vessie qui est comme un réservoir où l’urine doit passer pour sortir à travers l’urètre. Mais des problèmes peuvent survenir à cet endroit. Chez les jeunes, il peut s’agir d’une inflammation urinaire qui peut, à son tour, provoquer une inflammation de la prostate. Ce qui est assez rare, selon le chirurgien. C’est le grossissement de la glande de la prostate, aussi connu comme l’adénome ou hyperplasie de la prostate, qui est le plus commun actuellement. Ce qui cause alors une obstruction qu’on peut remarquer à travers divers symptômes.
Symptômes
Il existe plusieurs symptômes de l’adénome de la prostate. Parmi, il y a le faible débit de l’urine qui peut provoquer d’autres problèmes comme une infection urinaire, l’incontinence et même des saignements. Ce qui empire alors le problème de la prostate. Le patient peut développer des calculs urinaires si cette obstruction est présente depuis des années et ainsi engendrer des pierres dans la vessie. Selon le Dr Daureeawoo, ce type de problème, qui était commun dans le passé, est en nette régression avec les traitements plus appropriés et rapides qui sont désormais disponibles.
Le spécialiste a fait ressortir que si le problème de la prostate n’est pas traité convenablement, cela peut entraîner une pression dans la vessie qui va se répercuter dans les reins et engendrer une insuffisance rénale. « Il est malheureux que bon nombre d’hommes considèrent que ce problème de la prostate est normal et ils ne le traitent pas comme il le faut. »
Il a aussi expliqué qu’il faut savoir faire la distinction entre l’adénome de la prostate, qui est une hypertrophie bénigne de la prostate, et le cancer de la prostate qui est plus grave est difficile à traiter. Il indique qu’il existe cependant un grossissement de la prostate lié à un cancer qui est rare mais plus difficile à traiter. Les symptômes des deux maladies sont similaires. D’où l’importance d’un dépistage précoce afin de pouvoir faire la distinction entre les deux.
Dépistage
Le dépistage de l’adénome de la prostate se fait à travers le toucher rectal qui permet de s’assurer que le patient ne souffre pas d’un cancer. Il y a aussi des analyses sanguines et d’urine pour vérifier que le patient n’a pas de problème rénal et qu’il ne souffre pas d’anémie. Le Prostatic Specific Antigene (PSA) permet de déterminer le taux de PSA dans le sang et ainsi déterminer si le patient encourt le risque d’avoir un cancer ou pas ou la possibilité d’avoir une inflammation. Il est aussi soumis à un examen à travers le débitmètre pour vérifier la pression de son urine afin d’avoir une indication du niveau de l’obstruction.
Une échographie est pratiquée afin de déterminer la taille de la prostate et de la vessie avant que le patient ne passe l’urine et après. Il y a aussi une vérification des reins pour s’assurer qu’il n’y ait ni dilatation ni d’obstruction urinaire dans les reins. Après l’analyse de tous ces paramètres, il est possible de déterminer le traitement qui peut être médicamenteux ou une chirurgie endoscopique.
L’adénome de la prostate engendre divers autres problèmes. Dont le dysfonctionnement érectile et d’éjaculation qui ne sont pas considérés comme graves étant donné que la maladie survient généralement après 50 ou 60 ans. Mais avant 50 ans, cela peut avoir une incidence sur la vie sexuelle du patient, a expliqué le médecin.
De plus, l’adénome de la prostate peut être douloureux s’il y a des complications. Le spécialiste a cité, en exemple, le blocage de l’urine qui va engendrer le grossissement de la vessie et provoquer une infection urinaire.
Pas de prévention
L’adénome de la prostate ne survient pas en raison d’une mauvaise hygiène de vie mais avec le vieillissement. Les personnes d’origine africaine et européenne sont les plus affectées par cette maladie contrairement aux Asiatiques. Le problème est génétique et pas strictement héréditaire mais il peut toucher les membres d’une même famille.
Il n’y a pas de prévention possible contre l’adénome de la prostate. Cependant, manger sain et équilibré et une activité physique régulièrement permettent d’éviter certaines complications liées à la maladie. Le surpoids est à éviter afin de prévenir les problèmes urinaires.
L’adénome de la prostate peut être léger, modéré ou sévère. Le traitement s’accorde en fonction de la gravité de la maladie, c’est-à-dire la taille de la tumeur et le degré d’obstruction provoqué.
Traitement
L’adénome de la prostate est traité avec des médicaments aux premiers stades de la maladie. Une chirurgie simple est pratiquée si c’est nécessaire. Cela dépend de l’âge du patient et de sa capacité à supporter une intervention chirurgicale. Cela se fait à travers un télescope pour atteindre l’intérieur de la prostate afin d’évacuer la tumeur. Si les symptômes sont modérés, le traitement se fait à travers des médicaments.\
Sujet tabou
Nombreux sont ceux qui n’osent pas parler des problèmes qu’ils rencontrent en raison des troubles liés à la prostate. Ils considèrent que c’est un problème tout à fait normal et qu’il est dû au vieillissement d’autant que les signes sont indolores. Ils vivent ainsi leur maladie en silence alors que des traitements sont disponibles et apportent un soulagement. Cela même s’ils doivent forcer pour pouvoir faire passer un peu d’urine et encore plus quand ils souffrent d’incontinence. Selon le Dr Daureeawoo, certains refusent de sortir à cause de cela car ils n’arrivent pas à se retenir et urinent dans leurs vêtements. Leur entourage a aussi tendance à banaliser le problème, a-t-il souligné.