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Autisme : Le manque de structures ne favorise pas l’intégration

Il faut briser le tabou autour de l’autisme et créer des structures appropriées afin de mieux encadrer ceux atteints de ce trouble. C’est ce qu’ont fait ressortir les invités de Caroline lors de l’émission Allô Docteur de Radio Plus.

Selon la prévalence mondiale, 1 % de la population d’un pays est atteint d’autisme. Ainsi, il y aurait entre 10 000 à 12 000 personnes qui souffrent d’autisme à Maurice. Les invités de l’émission Allô Docteur de Radio Plus ont tous déploré le manque de structures pour accueillir les patients. L’absence de soutien du ministère de la Santé a aussi été déplorée.

La présidente d’Autisme Maurice, Clothilde Bhogaloo, a expliqué que l’Organisation non gouvernementale (ONG) ne peut pas tout faire et a besoin de soutien. L’association a pour projet la construction d’un centre pour le diagnostic, l’accompagnement et l’accueil des autistes. Ce centre doit également servir pour les interventions précoces et sera doté d’une école pour la formation académique et professionnelle afin de favoriser l’intégration des autistes dans la société selon leur capacité. Le centre serait aussi une maison de repos, mais faute de financement et de soutien, il est difficile de concrétiser le projet. « Sans structures, tous nos enfants vont atterrir à l’hôpital psychiatrique Brown Sequard », a-t-elle fait ressortir, surtout qu’à un moment donné, leurs parents ne seront plus là pour les encadrer.

L’autisme est le trouble envahissant du développement a expliqué le Dr (Mme) Anishta Gunesee, psychologue pour enfants. « On constate alors un retard à tous les niveaux : l’interaction et le développement social de l’enfant, le développement affectif et langagier et le développement moteur ». Mais nombreux sont ceux qui ont de grandes capacités qui ne sont malheureusement méconnues ou pas reconnues, faute d’information et de formation.

Elle a expliqué que l’enfant autiste a des comportements qu’il n’arrive pas à contrôler. « Il peut être agressif et éviter le contact visuel quand on lui parle, ce qui fait qu’il n’arrive pas à comprendre. » Pour elle, cela fait partie des caractéristiques de l’autisme. Elle a, toutefois, précisé qu’il faut néanmoins un diagnostic approfondi pour déterminer s’il s’agit bien du trouble de l’autisme ou pas.

Les formes d’autisme

Selon le Dr Gunesee, il y a différentes formes d’autisme, tout comme il y a aussi une variété dans les compétences et capacités des personnes atteintes de ce trouble. Il faut considérer l’aspect non verbal et verbal. Elle a déploré le fait qu’à cause du manque de campagnes de sensibilisation, ce n’est qu’après plusieurs années qu’un parent va faire diagnostiquer son enfant, n’ayant pas été capable de reconnaître les signes de l’autisme plus tôt. « Il est important de revoir les choses à la base et les autorités doivent apporter leur aide », a-t-elle dit.

Selon la doctoresse, les parents doivent être informés des divers troubles liés à l’autisme. Il y a le syndrome de l’Asperger qui est une forme d’autisme ou le syndrome de Rett qui peut être décelé dès l’âge de 6 mois chez l’enfant, car il y a une régression dans le développement de l’enfant à ce moment-là. Selon elle, l’ONG Autisme Maurice apporte une grande aide aux parents, mais elle est limitée par le manque de ressources et de financement. D’où l’appel vers le ministère de la Santé pour qu’il apporte son soutien. Selon la présidente d’Autisme Maurice et le psychologue, outre la formation des parents dont l’enfant est atteint d’autisme, il faut également sensibiliser la population sur ce sujet.

La psychologue pour enfants a aussi expliqué que si le diagnostic est fait tôt, il y a une prise en charge qui peut se mettre en place. « Il faut que les personnes soient au courant des signes distinctifs de l’autisme afin de mettre en place des interventions précoces ». De plus, il y a un travail à faire au niveau de l’acceptation. « Il y a le deuil à faire, c’est-à-dire accepter que son enfant soit différent des autres et qu’il ne soit pas l’enfant modèle qu’on attendait », a-t-elle expliqué.

Cette dernière a aussi souligné qu’un enfant qui n’est pas « normal » peut posséder de grandes capacités, mais ces dernières ne sont pas exploitées à leur juste valeur, étant méconnues. La psychologue explique que l’entourage devrait aussi s’adapter à l’enfant.

Mon fils, ma bataille

Clothilde Bhogaloo est mère d’un enfant autiste qui a une jumelle. Cette dernière, contrairement à son jumeau, ne présente pas les mêmes troubles. C’est à l’âge de 2 ans que son fils Loïc a été diagnostiqué. « Il était dans un autre monde. Il évitait le contact visuel et ne s’exprimait pas verbalement contrairement à sa soeur. Il est donc difficile de communiquer avec lui. » Selon Clothilde Bhogaloo, à 6 ans, son âge mental était celui d’un bébé de 18 mois.

Malgré le fait que la situation était difficile, la présidente d’Autisme Maurice a tout fait pour élever convenablement son enfant en lui accordant la même attention que sa sœur jumelle. « J’ai tout fait pour lui, mais en grandissant les signes de l’autisme étaient de plus en plus visibles », a-t-elle expliqué. Loïc a pris du temps avant de pouvoir être autonome. Cet apprentissage a été fait grâce à des pictogrammes et des dessins pour lui indiquer par exemple les gestes à faire quand il doit aller aux toilettes. Au bout de quelque temps, il pouvait y aller sans devoir se référer aux dessins. « C’est quand il a commencé à aller dans une école spécialisée qu’on a pu nouer une certaine relation avec lui. J’ai travaillé avec les éducatrices spécialisées pour pouvoir bien l’encadrer », a fait ressortir la maman qui a été pendant un certain temps éducatrice spécialisée elle-même.

Distinction de l’autisme avec d’autres troubles

D’autres troubles peuvent être rattachés à l’autisme, selon le Dr Gunesee. Parmi il y a l’agressivité. Un autiste a aussi une routine, c’est-à-dire qu’il sait qu’il doit se lever le matin, se brosser les dents, prendre son bain et son petit déjeuner. Tout changement peut le perturber et provoquer des crises, car il a du mal à intégrer les informations tout de suite. Cela ne veut aucunement dire qu’il a été mal élevé. En fait, il subit plutôt l’incompréhension de la société, a fait ressortir la psychologue.

Un autiste peut aussi avoir des gestes répétitifs comme jouer avec des jeux de construction, regarder tourner les aiguilles d’une montre ou le ventilateur, par exemple. Il y a aussi ceux qui ne peuvent pas dire une phrase à 2 ans ou qui peuvent se montrer câlins, sans toutefois aimer le contact humain.

Certains préfèrent aussi jouer, mais seul dans leur coin ayant du mal à accepter la compagnie des autres. Face à tous ces différents signes, il est important d’en parler à son pédiatre ou médecin afin d’avoir une bonne orientation pour l’encadrer.

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