Désormais, le port du masque est obligation. Cependant, pour les sourds et les malentendants, cette mesure sanitaire est vue comme un obstacle de plus dans leur vie quotidienne. Faisons le point avec Aneraw Succaram, le directeur de l’Association des parents de déficients auditifs (APDA).
L’obligation de porter un masque, est-ce comme rendre les sourds aveugles ? « Nous avons une population active de 5 000 sourds au pays. Pour les sourds profonds, le port du masque n’est pas un problème, car ils communiquent avec le langage des signes. Cependant, cela est un obstacle pour les malentendants, car, pour ces derniers, lire sur les lèvres est essentiel pour communiquer avec les personnes qui n’utilisent pas la langue des signes, » indique Aneraw Succaram. Selon lui, il est important de trouver des solutions alternatives comme un modèle de masque adapté par exemple, dit-il.
Selon le directeur de l’APDA, les malentendants comptent beaucoup sur les personnes qui entendent pour pouvoir faire des choses au quotidien. À titre d’exemple, un malentendant qui va chercher le pain à la boulangerie aura du mal à communiquer comme d’habitude avec le vendeur qui porte un masque. « En allant au supermarché, il pourra voir et acheter ses provisions sans aucun problème. Cependant, dans sa vie de tous les jours, surtout lorsqu’il a recours à des services essentiels ou basiques, il aura des difficultés à communiquer avec des personnes entendantes qui portent un masque. Il est donc important que ces dernières leur accordent une attention particulière pour les aider à faire leurs achats ou autres choses, » renchérit Aneraw Succaram.
Communication nationale en langage des signes
Le directeur de l’APDA conseille aux autorités la mise en place d’une émission régulière à la télévision en langages des signes afin d’informer les sourds sur les mesures sanitaires à respecter, les décisions de l’État et d’autres informations qui leur touchent directement ou indirectement en cette période difficile.
« Actuellement, ces personnes en situation de handicap sont isolées chez elles. Bon nombre d’entre elles travaillent à leur propre compte et ne savent pas comment bénéficier des allocations et des facilités que le gouvernement met à leur disposition. D’où l’importance de communiquer avec elles à travers la langue des signes, » conseille Aneraw Succuram. De plus, il est compliqué pour les sourds qui sont en couples de compter sur leurs enfants en bas âge ou d’autres personnes pour leur transmettre les informations.
APDA : École spécialisée pour les sourds à Curepipe
L’Association des parents de déficients auditifs (APDA) existe depuis plus d’une vingtaine d’années. Elle gère une école spécialisée à Curepipe qui accueille une cinquantaine de filles et de garçons sourds, âgés de trois à vingt ans.
Au niveau des matières de base, les cours qui leur sont prodigués sont basés sur le système éducatif. L’objectif est de préparer les élèves aux cours professionnels. Par ailleurs, cette école spécialisée encourage ses instituteurs à suivre des formations en continu pour être en mesure de répondre aux besoins spécifiques des élèves afin de leur assurer un meilleur apprentissage pour leur développement personnel.
