Une quarantaine de nouveaux cas de cancer infantile sont recensés chaque année. Les parents doivent être attentifs aux différents symptômes de la maladie, sans toutefois s’alarmer à chaque fois que leur enfant est malade. C’est ce qu’ont expliqué les invités de l’émission « Allo Docteur ? » de Radio Plus.
Selon le Dr Ryad Joomye, pédiatre qui exerce dans le privé, c’est le développement de la technologie dans le domaine médical qui permet, désormais, de détecter plus facilement le cancer chez un enfant. Mais le diagnostique reste néanmoins difficile, car la maladie est souvent sournoise et ne présente pas de signes précurseurs dans certains cas.
Ajouté à cela le dépistage précoce n’existe pas chez les enfants contrairement aux adultes. « Il n’y a pas de dépistage pré-symptomatique chez l’enfant, mis à part les examens cliniques de routine. Ce sont les parents qui doivent être attentifs aux signes », a expliqué le pédiatre.
Selon lui, les parents et la population dans son ensemble doivent être sensibilisés sur les signes du cancer, afin de faire examiner leur enfant le plus rapidement possible. Mais la bonne nouvelle pour le cancer infantile, c’est le pourcentage de survie qui s’élève en moyenne à 75 %, a-t-il aussi affirmé.
« Les signes et symptômes d’un cancer dépendent de sa nature et sa localisation », a aussi expliqué le Dr Joomye. Une tumeur à la tête provoquera des maux de tête. « D’autres signes peuvent être assez discrets pouvant passer inaperçus sans pour autant penser qu’il peut s’agir d’une tumeur maligne », selon lui.
« Cependant, si un enfant a fréquemment des maux de tête, des vomissements – le matin en particulier – ou encore des signes moins perceptibles, comme les troubles de l’équilibre et de la confusion ou encore des anomalies au niveau des yeux, la première chose qui vient à l’esprit est qu’il s’agit d’un cancer de la tête », a expliqué le pédiatre.
Il a aussi fait ressortir que le diagnostique d’un cancer chez un enfant est assez difficile. « Des vomissements peuvent faire penser à une gastro-entérite » a-t-il souligné. Dans certains cas, l’enfant est soumis à des examens inutiles comme des scans qu’il n’est pas recommandé de faire trop souvent.
C’est en raison de l’exposition aux rayons qui peuvent être néfastes à la longue pour le jeune patient et provoquer un cancer. Pour des tumeurs liquides comme la leucémie, les enfants présentent des signes de faiblesse, perte d’appétit, fièvre inexpliquée, pâleur, des saignements, etc.
« Ce sont des signes assez avancés que les enfants vont présenter, il appartient aux médecins et aux medias d’avertir les parents des symptômes auxquels ils doivent faire attention », a-t-il expliqué. Le médecin a précisé la perte d’appétit, celle du poids et une fièvre inexplicable sont des signes d’alerte qui réclament une consultation.
«Dans la plupart des cas, ce sont des examens pour rien, mais dans certains cas, nous détectons des cancers », a-t-il dit. Le pédiatre a souligné que plus tôt le dépistage est effectué, plus grandes sont les chances de survie.
Le Dr Kevin Teeroovengadum, chirurgien-pédiatre qui exerce dans le privé a tenu, à préciser que les parents ne devraient pas non plus trop s’inquiéter.
« Nous ne voulons pas être alarmistes pour dire que dès qu’un enfant a une angine (des douleurs à la gorge), des maux de tête, etc, qu’il faut songer à un cancer », a-t-il fait ressortir. Mais si un enfant à une angine à répétition, il est important de faire des investigations plus poussées.
Et, en cas de leucémie, un des premiers signes sont des infections répétées, car le système immunitaire est devenu plus vulnérable. « Lors de la prise de sang, on va remarquer que les globules blancs sont anormaux », a-t-il expliqué.
Principaux types de cancers
Les principaux types de cancers chez l’enfant sont des tumeurs au niveau de la tête (neuroblastome). Il y a ensuite le cancer du sang (leucémie), tumeurs malignes développées à partir du système lymphatique (lymphome) et des tumeurs solides dans d’autres parties du corps, comme la tumeur maligne de la rétine (rétinoblastomes) et la tumeur abdominale.
Les types de cancers infantiles les plus communs à Maurice comme dans le monde, sont les cancers de la cervelle, la leucémie et le lymphome. La plupart des cancers
(50 %) chez l’enfant surviennent avant l’âge de 5 ans.
« Il est aussi à noter que les causes du cancer infantile sont inconnues dans 90 % des cas et dans les 10 % restants, elles seraient attribuables à un facteur génétique », a expliqué le Dr Khevin Bujhowon, oncologue à l’hôpital Victoria. Selon lui, les cancers infantiles touchent autant les filles que les garçons, mais certains types de cancers affectent davantage les garçons que les filles.
L’oncologue a aussi expliqué qu’un enfant qui a déjà subi des traitements anti-cancéreux est plus à risque d’avoir à nouveau un cancer en raison des radiations auxquelles il a été exposé. Selon le Dr Teeroovengadum, l’âge est important, car c’est en fonction de ce critère que l’on pense à un type de tumeur. Ce qui est différent chez l’adulte.
« Chez les adultes, il y a des irritations prolongées d’un organe. Typiquement on sait que le tabac expose l’adulte à un cancer du poumon ou de la gorge, par exemple. Si l’on abuse de l’alcool, on peut avoir un cancer du foie.Chez les enfants, nous n’avons pas ces facteurs. Nous ne nous attendons pas à un type particulier de cancer chez un enfant » a-t-il expliqué.
Mais il y a certains types de cancer où les critères génétiques sont les principales causes d’un cancer comme pour la trisomie 2. Ceux qui en sont atteints peuvent développer certains types de cancer comme la leucémie ou des néphroblastomes ou d’autres tumeurs s’ils sont exposés à un facteur environnemental.
Traitements
« Pour traiter le cancer, trois types de traitements sont envisagés, dont la chirurgie pour enlever la grosseur ; la chimiothérapie en cas de leucémie, ou bien la radiothérapie qui est un traitement bien ciblé pour une région bien spécifique. La prise en charge est effectuée par une équipe multidisciplinaire, comprenant le chirurgien, l’oncologue et le pédiatre. C’est ensemble qu’ils décident du plan de traitement à privilégier », a expliqué le Dr Bujhowon.
« Cicatrice, nausée, diarrhée, perte des cheveux et d’appétit, sont quelques-uns des effets secondaires des traitements qui sont moins importants que l’absence de tout traitement », a ajouté le Dr Joomye. La radiothérapie va détruire les cellules cancéreuses, mais va aussi affecter les cellules normales.
Elles ne vont pas grandir à la même vitesse que chez un enfant qui n’a pas eu des sessions de radiothérapie. Ce qui peut engendrer d’autres séquelles comme le grossissement d’un seul côté du corps.
L’hôpital Victoria dispose d’un département séparé pour la prise en charge des jeunes patients atteints d’un cancer. Chaque malade à sa chambre, où il peut rester avec un membre de sa famille. Le personnel est formé et dédié aux traitements des enfants atteints de cancer. Il y a aussi des psychologues pour les accompagner.