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Maladies cardiaques : un phénomène croissant chez les jeunes

Les maladies du cœur sont la deuxième cause de mortalité à Maurice, selon le Health Statistics Report du ministère de la Santé et de la Qualité de la Vie. En 2015, 1 891 cas ont été recensés. Ce sont les maladies des artères coronaires qui sont les plus fréquentes, indique le cardiologue Vasant Bunwaree.

Le cœur est un organe complexe qui peut battre jusqu’à plus de 3 milliards de fois au cours d’une vie. Cependant, de par sa nature et sa fonction, il peut présenter différents types de défaillances notamment mécaniques, rythmiques ou structurelles pouvant être plus ou moins graves et d’origines diverses. Les maladies artères du cœur, appelées artères coronaires, sont de loin les plus fréquentes.

« C’est un problème de santé très fréquent à Maurice. Ces artères sont des ‘tubes’ transportant le sang oxygéné et les nutriments au muscle cardiaque, nécessaires à son bon fonctionnement. Dans certains cas, ces artères se bouchent et le cœur qui ne reçoit plus de sang finit par souffrir. C’est ce qu’on appelle l’infarctus ou la crise cardiaque », explique le Dr Vasant Bunwaree, cardiologue.

Les facteurs de risque majeurs prédisposant au développement de la maladie coronarienne sont le diabète, l’hypertension, le tabagisme, le cholestérol, la sédentarité, le stress et l’hérédité. Les symptômes, explique notre interlocuteur, se manifestent souvent sous forme de douleurs à la poitrine qui irradient dans le dos, les bras ou la mâchoire et peuvent être parfois accompagnées d’essoufflement. L’apparition et l’intensité des symptômes dépendent souvent du degré d’obstruction des artères.
Au début de la maladie, les douleurs apparaissent à l’effort. « Dans ce cas, la personne ressent les premières douleurs thoraciques après une épreuve physique plus ou moins intense. C’est ce qu’on appelle l’angor d’effort. Il peut malheureusement passer inaperçu pendant plusieurs mois voire des années avant que le patient ne s’en rende compte », fait ressortir le cardiologue.

Prise en charge urgente
Au fur et à mesure de la progression de la maladie, les douleurs deviennent de plus en plus fréquentes et finissent par se manifester au repos. « On parle à ce moment d’angor de repos. À ce stade une prise en charge du patient devient urgente car le risque de faire un infarctus est imminent », précise le médecin. L’infarctus est le stade le plus grave de cette maladie et correspond à la perte irréversible des cellules du cœur. Il peut être à l’origine de complications graves voire fatales.
Le traitement de la maladie coronarienne consiste en l’usage de médicaments qui fluidifient le sang, comme l’aspirine, mais surtout par des interventions (angioplasties) qui permettent de déboucher ces artères et de les maintenir ouvertes par la pose de stents (structures métalliques). Dans certains cas, quand la maladie est trop complexe ou avancée, une chirurgie est nécessaire pour réaliser des pontages et assurer le flux sanguin vers le cœur.

Les accidents coronariens touchent principalement ceux âgés de 50 ans ou plus. « A cet âge, les patients sont souvent déjà sujets à plusieurs facteurs de risque et sont soumis à un stress énorme dans leur vie ; ce qui déclenche fréquemment la maladie », soutient le Dr Vasant Bunwaree qui tire toutefois la sonnette d’alarme sur un phénomène nouveau qui est l’apparition de plus en plus précoce de l’infarctus chez des sujets de 30 ans ou moins.

« C’est un phénomène qui ne cesse de croître chez les jeunes au cours de ces dernières années. C’est un fait inquiétant », dit le médecin. Autre observation, la gent féminine est moins affectée par cette maladie jusqu’à l’âge de la ménopause. « Contrairement aux hommes, les femmes sont plus protégées, du moins jusqu’à l’âge de la ménopause, par leur système hormonal. Cependant après cette phase, le risque est le même tant chez les femmes que chez les hommes. De ce fait, les problèmes cardiaques sont souvent sous-diagnostiqués chez les femmes et leurs symptômes sont souvent banalisés. »

Ces facteurs de risque
Il existe deux types de maladies cardiovasculaires, lance Dr Dr , cardiologue du privé. « Il y a des maladies acquises. Cela peut survenir à cause du vieillissement ou d’une hygiène de vie. Des fois, même la génétique peut s’emmêler dans le sens que les Asiatiques sont plus enclins à développer ces maladies. Et puis, il y a des facteurs congénitaux qui rentrent également en jeu », explique le médecin.
De plus, les maladies chroniques peuvent également être des facteurs de risque. « Une inflammation buccale ou intestinale, une arthrite, l’hypertension et le diabète peuvent des maladies chroniques qui peuvent causer des légions sur les artères du coeur et ainsi mener à son disfonctionnement. » Par ailleurs, la sédentarité et le stress, sont aussi d’autres facteurs à considérer.
«  Malheureusement, le manque d’exercice physique peut également mener aux maladies cardiovasculaires. Idem pour le stress qui peut d’ailleurs avoir un effet néfaste sur le coeur ou sur d’autres parties du corps. » Le mauvais cholestérol est aussi un facteur non négligeable, lance le cardiologue. « Il s’accumule dans les artères ce qui les obstrue par la suite. Et quand, cela peut être fatal si cela intervient dans les artères du cœur. »

Gare aux symptômes !
Il est important de connaître les symptômes des maladies cardiovasculaires. Parmi, il y a la douleur thoracique. « Une angine de poitrine peut intervenir après un effort ou après un stress. Cette douleur comme le nom l’indique surgit au niveau de la poitrine. Elle peut ensuite migrer sur le côté gauche du bras », explique le Dr Reebye.
Il faut également surveiller les symptômes suivants. «  Si une personne a souvent des engourdissements ou des palpitations, des sueurs froides, des nausées, ou encore un durcissement au niveau de la mâchoire, elle devrait consulter un cardiologue. » Par ailleurs, il faut aussi accorder une attention particulière aux extrémités du corps.
«  Les mains et les pieds peuvent retenir de l’eau et se gonflaient. Ceci est le résultat d’une congestion cardiaque. La même peut aussi survenir dans les poumons, on parle là d’un œdème pulmonaire. » Cependant toutes les douleurs ne sont pas perceptibles. « Les diabétiques souffrent d’une insensibilité des nerfs. De ce fait, il ne va pas forcément ressentir une quelconque douleur et continuera à vivre sans savoir qu’à n’importe quel moment elle peut faire un malaise cardiaque », souligne le médecin.

Questions à…Dr Santosh Deshmukh Reebye

Dr Reebye

Qu-est-ce une angiographie ?
Une angiographie, c’est quand on envoie une caméra à travers des vaisseaux sanguins pour remonter vers les chambres du coeur. Cela peut se faire soit via la main ou par la cuisse.
Est-ce qu’une angiographie peut aussi agir comme un traitement ?
Dans certains cas, oui. Si l’artère n’est pas trop bouchée, on peut utiliser cette technique pour le déboucher.
On parle souvent de pontage coronarien (by-pass), c’est quoi exactement ?
Comme le nom l’indique, c’est contourner les artères affectées en utilisant une artère issue d’une autre partie du corps du malade. Cela nécessite une intervention chirurgicale.
Le pontage est une obligation à partir de quel moment ?
Le patient à toujours le choix de se faire opérer au pas. En terme de pourcentage, je vais dire qu’une artère bouchée au-delà de 70% peut nécessiter d’une intervention. Mais c’est relatif dans le sens, que le patient peut aussi envisager de se faire poser un stent, qui n’est autre qu’un dispositif qui maintient l’artère ouverte. Je connais personnellement des gens qui vivent avec plusieurs stents. Bien évidemment, cela coûte un peu plus cher.
En terme de pourcentage, à quel moment peut-on dépendre sur des médicaments pour déboucher des artères?
On va dire jusqu’à 50%. Après, il faut envisager d’autres traitements comme la dilatation qui intervient quand l’artère est bouchée entre 65 et 70%.

L’aspirine, pour ou contre ?
L’aspirine est prescrite pour le traitement des artères obstruées. « C’est un médicament qui fluidifie le sang. Il fait partie du traitement de base. Mais son usage dans l’aspect préventif est un sujet controversé en raison de ses effets secondaires. Il peut être notamment à l’origine de gastrites, d’ulcères ou de saignements graves chez certains patients. Dans ce cas, son utilisation doit être décidée par le médecin traitant et au cas par cas », indique le Dr Vasant Bunwaree


Le ministère de la Santé a publié un Health Statistics Report en 2015. Cette année-là, 2 816 cas ont été traités comme “in patient” au Cardiac Centre. Parmi, 1 395 patients souffraient d’angor ou d’angine de poitrine. Toujours en 2015, 1 891 Mauriciens sont décédés des suites des maladies du cœur dont 1 037 hommes et 854 femmes. Ainsi, les maladies du cœur sont la deuxième principale cause de mortalité à Maurice après le diabète. Dans les institutions privées, 126 hommes et 117 femmes ont subi une intervention cardiaque notamment veines, artères et autres interventions cardiovasculaires.

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