[Allô Docteur] Cancer juvénile : 65 cas détectés chez les 0 à 25 ans en 2023
Le cancer juvénile représente une réalité bouleversante pour de nombreuses familles mauriciennes. Détecté à un stade précoce, il peut, toutefois, être pris en charge efficacement grâce aux avancées médicales et à une approche multidisciplinaire. C’était le thème de l’émission « Allô Docteur », sur Radio Plus le mardi 18 février, avec l’invité de Jean-Marie St Cyr, le Dr Khevin Bujhawon.

Après la Journée mondiale du cancer observée le 4 février, il y a eu également la Journée internationale du cancer de l’enfant le 15 février. Le cancer juvénile reste un sujet complexe de par l’incapacité de certains cancers à être traités à Maurice. D’ailleurs, du dépistage aux traitements en passant par l’accompagnement des jeunes patients, chaque étape est cruciale pour améliorer leur pronostic et leur qualité de vie.
Le Dr Khevin Bujhawon, consultant en oncologie au National Cancer Centre à Solférino, indique que chaque année, il y a un total de 65 cas de cancers chez les enfants et jeunes âgés de 0 à 25 ans. En effet, selon les derniers chiffres du National Cancer Registry, en 2023, 27 nouveaux cas ont été détectés chez les garçons et 38 cas chez les filles. « La situation est alarmante puisqu’on retrouve une hausse de cancers tant chez les adultes que les enfants », a estimé le consultant en oncologie.
Les filles sont plus concernées que les garçons. Ce constat se fait également chez les adultes où les femmes sont plus touchées. Par rapport aux cancers, les enfants et jeunes patients sont surtout affectés par la leucémie (cancer du sang) ou encore le rétinoblastome (cancer de l’œil).
Les symptômes chez les enfants diffèrent de ceux des adultes et c’est là où la situation se complique, car les tout-petits sont capables de décrire ce qu’ils ressentent, contrairement aux adultes. « La fatigue est un des premiers symptômes à apparaître, mais chez les enfants, elle est souvent difficile à détecter rapidement », a-t-il souligné. Les infections, qui touchent fréquemment les jeunes patients, suivent. Il incombe alors aux parents de rester vigilants et de consulter le médecin lorsque l’enfant présente des infections fréquentes.
La prise en charge financière
L’annonce d’un cancer chez un enfant peut rapidement poser des difficultés financières. C’est pourquoi Karan Juglall a fondé l’association Enn Rev Enn Sourir, active depuis une dizaine d’années. Le directeur et fondateur de l’association a expliqué qu’il y avait un besoin d’accompagner les jeunes patients sous différents aspects. « J’ai personnellement fait plusieurs formations dans l’accompagnement des enfants atteints de cancer tout comme l’encadrement des parents », a-t-il expliqué.
Le but de l’association est de sensibiliser les parents sur la détection précoce des cas afin de pouvoir enclencher les traitements le plus vite possible. « Il est important de savoir qu’un cas détecté tôt offre 95 % de chances de guérison complète. Notre but est donc de pouvoir les mettre en contact direct avec des professionnels de la santé le plus vite possible », a-t-il indiqué.
Toutefois, à Maurice, il n’y a pas d’oncologue pédiatrique et c’est la raison pour laquelle les jeunes patients doivent souvent se rendre à l’étranger pour se faire soigner. Là aussi, l’association Enn Rev Enn Sourir vient agir comme un facilitateur et accompagnateur pour ces familles dans la tourmente. « On prend en considération le soutien moral des patients et des parents puisqu’il s’agit d’un aspect clé du parcours thérapeutique. Une équipe médicale ainsi qu’une équipe psychosociale sont donc impliquées », a fait comprendre Karan Juglall.
Il a également précisé que l’accompagnement se fait cinq ans après le traitement pour s’assurer que le patient se porte bien durant ce laps de temps. « Chaque aspect de sa vie est pris en considération incluant la nutrition, car un traitement médical sans une bonne alimentation n’est pas vraiment efficace. Il faut s’assurer que chaque aspect est bien suivi », a-t-il ajouté.
Le Child Cancer Scheme
Pour permettre à chaque enfant atteint de cancer d’avoir accès aux soins sans contrainte financière, le précédent gouvernement a mis en place le Child Cancer Scheme. Ce programme a pour objectif de financer intégralement les traitements des enfants et jeunes adultes, de 0 à 25 ans, atteints de cancer. Actuellement, c’est l’association Enn Rev Enn Sourir qui s’occupe de ce programme. L’application pour bénéficier de ce programme peut se faire auprès du ministère des Finances ou directement avec l’association, en remplissant un formulaire.