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Santé mentale : les parents dénoncent la nocivité des réseaux sociaux

Quelle influence peuvent avoir les réseaux sociaux sur la santé mentale des plus jeunes générations ? On connait certaines des conséquences d’un usage inapproprié des médias sociaux sur la santé physique des enfants, mais il est encore difficile d’en déterminer les méfaits sur le bien-être et l’estime de soi. C’est pourtant ce qui inquiète de plus en plus les parents, dont certains commencent à être dépassés par le phénomène, comme le révèle une nouvelle étude menée aux Etats-Unis. Explications.

Considérée comme l’un des maux du siècle, au même titre que la sédentarité, la santé mentale est actuellement au cœur de la recherche scientifique, mais aussi de nouvelles stratégies de prévention. C’est d’autant plus le cas lorsque l’on parle de la santé mentale des enfants et des adolescents, qui elle aussi s’est considérablement dégradée depuis la pandémie de Covid-19 – un jeune âgé de 10 à 19 ans sur sept (14%) souffre de troubles mentaux, selon des données publiées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en 2021. Mais la crise sanitaire explique-t-elle à elle seule cette détérioration de la santé mentale des plus jeunes ? Non, si l’on en croit les parents d’enfants mineurs. D’après une étude menée aux Etats-Unis, ils estiment même que les réseaux sociaux jouent un rôle prépondérant sur le mal-être de leurs chérubins.

Un impact sur l’estime de soi

Mené par The Harris Poll pour le compte de On Our Sleeves, mouvement américain axé sur la santé mentale des enfants, le sondage* rend compte de l’inquiétude de la majorité des parents quant au rôle joué par les réseaux sociaux sur le développement de troubles mentaux chez les plus jeunes. La moitié des parents d’enfants de moins de 18 ans considèrent notamment que la santé mentale de leur(s) enfant(s) s’est dégradée au cours des douze derniers mois du fait des réseaux sociaux. Un constat à mettre en parallèle avec une autre donnée : les parents se sentent de moins en moins à l’aise pour évoquer la problématique de la santé mentale avec leurs enfants. Ils étaient 92% en 2022, et ne sont ‘plus que’ 86% en 2023.

Autre constat de l’étude, plus des deux tiers des parents sondés (69%) estiment que les applications de retouche d’image et les filtres prisés sur les médias sociaux ont un impact négatif sur l’image corporelle – autrement dit l’estime de soi – de leurs enfants. Ils s’accordent également majoritairement à dire, à hauteur de 65%, que les sujets en lien avec l’apparence mis en avant sur les réseaux sociaux, parmi lesquels les régimes et l’exercice physique, ont également un impact négatif sur l’image corporelle des plus jeunes générations – comprendre les moins de 18 ans.

“Les sentiments d’un enfant à l’égard de son corps peuvent affecter sa santé mentale. Nous savons que les médias sociaux peuvent tout influencer, des choix d’achat à la perception de la beauté, et malheureusement les enfants sont les plus vulnérables aux attentes irréalistes en matière d’image corporelle fixées par ces plateformes. Les enfants sur les médias sociaux peuvent être exposés à des milliers de messages chaque jour sur l’apparence, ce qu’il faut faire et qui il faut être”, explique le Dr Erin McTiernan, psychologue pédiatrique au Nationwide Children’s Hospital, collaborant régulièrement avec le mouvement On Our Sleeves, dans un communiqué.

L’importance de la communication

Le sondage souligne malgré tout certains aspects positifs des réseaux sociaux, que ce soit en termes de communication, d’information, de solidarité, ou de lutte contre l’isolement, mais le grand public semble progressivement les écarter au profit de leurs effets néfastes. A peine plus d’un tiers des Américains (35%) affirment aujourd’hui que les médias sociaux ont une influence positive sur la santé mentale des enfants, contre 43% en 2022. Et ce malgré la mise en place de nombreuses mesures de sécurité sur certaines de ces plateformes.

“Il s’agit d’une mesure positive, mais les parents ne peuvent pas croire qu’elle est suffisante. Les médias sociaux ont la capacité d’augmenter l’anxiété et la dépression chez les enfants lorsqu’ils sont utilisés de manière inappropriée, ainsi que de les exposer à des partages inappropriés, à un langage blessant, à l’intimidation et à bien d’autres choses encore”, explique le Dr Ariana Hoet, directrice clinique du mouvement On Our Sleeves et psychologue pédiatrique au Nationwide Children’s Hospital.

Les professionnels de santé associés à ce mouvement qui œuvre pour la santé mentale des enfants encouragent les parents à communiquer avec leurs enfants. Ils préconisent plus précisément de parler des contenus, chaînes, ou influenceurs préférés de leur progéniture, d’élaborer un plan pour gérer en amont le temps passé en ligne, et d’évoquer les bonnes pratiques à adopter sur les réseaux sociaux. Il s’agit également d’avertir les enfants des potentiels dangers auxquels ils peuvent être confrontés sur ces plateformes, ou éventuellement les avertir qu’ils peuvent demander de l’aide à un adulte en cas de problème.

“Soyez curieux de ce que fait votre enfant sur les médias sociaux. En jouant un rôle actif dans leur engagement sur les médias sociaux, au lieu de simplement limiter leur exposition, vous pouvez les aider à se sentir à l’aise pour poser des questions, faire part de leurs préoccupations et demander de l’aide lorsqu’ils en ont besoin”, encourage le Dr Ariana Hoet.

*Le sondage a été réalisé en ligne aux Etats-Unis par The Harris Poll pour le compte de On Our Sleeves, du 30 mars au 3 avril 2023, auprès de 2.035 adultes américains âgés de 18 ans et plus, dont 711 parents d’enfants de moins de 18 ans.

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