La surdité : les différents problèmes de l’ouïe
Jusqu’au 30 septembre, le monde observe la semaine de la surdité. L’occasion de mieux comprendre les raisons derrière l’absence partielle ou complète de l’ouïe chez les enfants et adultes. Liina Muttur, audiologiste et orthophoniste, explique quels sont les causes et les traitements pour les sourds et malentendants.
La surdité affecte bébés, enfants, adultes et les personnes âgées. En fonction de leur gravité, on parle aussi de surdités légères, moyennes, profondes ou totales. De plus, la surdité a plusieurs causes. D’abord, selon l’audiologiste, la consanguinité pourrait être l’une des raisons d’une surdité chez certains enfants. « Cela concerne les mariages consanguins, notamment entre cousins germains. On note plusieurs problèmes liés à cette pratique, dont la surdité », fait-elle comprendre. Ensuite, toujours chez les enfants, il y a la surdité liée à certains syndromes tels que la trisomie et celui du bec-de-lièvre. Chez les enfants, la surdité survient aussi après la naissance, causée par des infections.
Ensuite, il y a la surdité qui affecte les personnes âgées. « Le terme est la presbyacousie. Il s’agit d’une baisse naturelle de l’audition avec l’âge. Ce phénomène est comparable à la presbytie qui touche la vue », indique Liinaa Muttur. L’audiologiste constate un rajeunissement de ce problème. « Auparavant, ce type de surdité survenait après 70 ans. De nos jours, la surdité survient dès 50 ans dans certains cas »,
ajoute-t-elle.
Pour l’audiologiste, il est conseillé aux Mauriciens de faire un examen de l’ouïe à partir de 50 ans. « C’est un exercice qui ne se fait pas automatiquement à Maurice. Ailleurs, dans certains pays, c’est un examen normal à faire après un certain âge, tout comme il est normal de se faire des examens des yeux », dit-elle. Le but : détecter une perdition de l’ouïe le plus tôt possible pour trouver un traitement adéquat le plus tôt possible. « Souvent, à Maurice, on commence à perdre l’ouïe, mais on ne fait pas attention. On attend que la situation devienne plus grave pour se tourner vers un médecin », constate-t-elle. Alors que, si une diminution de l’ouïe est notée, le problème peut être réglé et éviter que la surdité ne soit prononcée.
Traitements
En dernier lieu, Liina Muttur fait ressortir qu’à Maurice, de nombreux cas de surdité liés à l’environnement du travail ont été notés. « Le bruit sur le lieu de travail fait de nombreux dégâts à l’ouïe, mais la surdité apparaît bien après. On a des retraités qui ont eu des problèmes de l’audition et dont la cause remonte à des années de travail dans un milieu bruyant», ajoute-t-elle, tout en indiquant que l’Ecole des Sourds tire la sonnette d’alarme sur ce problème en menant des campagnes pour mieux sensibiliser les travailleurs face à ce problème.
Pour ce qui est des traitements, il existe des troubles auditifs qui peuvent être corrigés avec des prothèses et des implants. Par contre, la surdité profonde ne se soigne pas. C’est à l’aide d’appareils et de prothèses auditives que les sourds et malentendants arrivent à surmonter leur handicap. Pour les enfants, il existe l’implant cochléaire mais cette option n’est pas à la portée de tous et doit se faire à l’étranger. « L’implant cochléaire est un appareil ultra-miniaturisé qui permet de restaurer l’audition à travers une chirurgie pointue», souligne-t-elle.
Par contre, une « speech therapy » est importante pour les sourds et malentendants qui optent pour l’appareil auditif. « Cela peut être très perturbant pour celui qui commence à entendre pour la première fois. Sachant que ceux qui n’entendent pas, souvent ils ne peuvent parler non plus, d’où l’importance de l’orthophonie », conclut-elle.
Sensibilisibilisation : maître-mot
Chaque année, la Society for the Welfare of the Deaf (SWD), à Beau-Bassin, vient avec un calendrier d’activités pour créer une sensibilisation autour de la surdité. Le Dr Noorjehan Joonas, la présidente de la SWD, explique que, cette année, l’importance est mise sur l’intégration des sourds dans la société. D’ailleurs, le lundi 25 septembre a été marqué par une remise de certificats aux élèves qui ont suivi plusieurs formations récemment. « Nous mettons l’accent sur la formation vocationnelle pour que ces élèves deviennent employables et financièrement indépendants », explique la présidente. Parmi les formations offertes, il y a des cours en informatique, en coiffure, en couture et artisanat, et un cours de cuisine.
Aussi, pour la première fois, une quinzaine d’élèves ont suivi une formation au centre de Business Mauritius et ont été placés en entreprise pour un stage. Actuellement, une autre équipe est à l’école hôtelière pour une autre formation. Cette journée qui lançait la semaine de sensibilisation est ainsi un moyen de faire connaître la réalité des sourds à Maurice. Ensuite, un déjeuner est aussi prévu pour les élèves de l’Ecole des Sourds au Taher Bagh, le mercredi 27 septembre, organisé par une organisation sociale de Camp Yoloff. Une campagne de sécurité routière est aussi prévue pour les sourds et malentendants afin
qu’ils puissent être plus vigilants aux dangers en étant plus conscients du code de la route.