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Les vaccins, un monde à part

Le monde des vaccins vous attire? Vous souhaitez contribuer à sauver deux à trois millions de vies par an en vous lançant dans cette industrie? Les obstacles sont nombreux, mais à condition de cibler des virus et technologies spécifiques, il reste peut-être de la place.

Les vaccins sauvent chaque année deux à trois millions de vies, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Et la pandémie de coronavirus a encore davantage mis en exergue leur caractère essentiel comme outil de prévention.

Mais alors que les chercheurs du monde entier cherchent un potentiel vaccin anti-Covid-19, une autre épidémie pourrait guetter: la saison grippale va démarrer dans l’hémisphère nord et les autorités de santé appellent les personnels soignants et les plus fragiles à se faire vacciner. Déjà, des laboratoires, comme le géant français Sanofi, ont augmenté leur production, dans l’attente d’une demande plus importante cette année.

Pour se lancer dans cette industrie, il faut se frayer un chemin entre quatre mastodontes qui concentrent à eux seuls 90% du marché du vaccin en valeur, selon EvaluatePharma: les Américains Pfizer et Merck, le Britannique GSK et le Français Sanofi. Car développer un vaccin est un parcours semé d’embûches, souvent réservé à des sociétés ayant des reins solides et une longue connaissance des vaccins.

Cela nécessite entre 10 et 15 ans, selon Vaccines Europe, une organisation de la fédération européenne du médicament Efpia: un vaccin doit être injecté à des individus sains et souvent à des bébés, d’où de nombreuses étapes pour s’assurer de son innocuité.

Autre difficulté: il s’agit d’un produit biologique, qui nécessite des installations industrielles spécifiques. Et là, mieux vaudra disposer d’une bonne trésorerie.

“Développer un vaccin coûte plusieurs milliards d’euros, et pour une usine de production, il faut plusieurs centaines de millions d’euros – un investissement que peu d’acteurs ont la capacité de faire”, remarque Marie Humblot-Ferrero, spécialiste du secteur pharmaceutique pour le Boston Consulting Group (BCG).

“Il y a aussi des barrières réglementaires, de validation. Le ticket d’entrée est énorme”, observe Christelle Cottenceau, directrice de projet au cabinet Alcimed.

“L’outil industriel est tellement lourd à construire qu’il faut être économiquement sur un gros marché, autrement c’est impossible”, poursuit-elle.

Outre les Occidentaux, il existe aussi des acteurs importants en Asie, comme le Serum Institute of India, spécialisé dans des vaccins peu onéreux, notamment en pédiatrie. Ou le China national pharmaceutical group (Sinopharm), 6e producteur de vaccins au monde.

 

– Marché en pleine croissance –

 

Mais il reste de la place si l’on cible des maladies précises, pour lesquelles aucun grand acteur ne s’est positionné. Ou si on veut se lancer dans des technologies nouvelles, comme l’ARN messager – sous les projecteurs depuis la pandémie -, qui vise à donner au corps les informations génétiques nécessaires pour déclencher une protection contre un virus. La technologie est notamment développée par l’Américaine Moderna dans son candidat vaccin contre le Covid-19, actuellement en dernière phase d’essais sur l’homme.

La technologie de l’ARN messager “a peut-être plus d’avenir sur des maladies émergentes pour lesquelles il n’y a rien. Sur la Covid, même s’il s’avérait qu’il n’y ait qu’une efficacité partielle, ce serait mieux que zéro”, souligne Mme Cottenceau.

Pour Marie Humblot-Ferrero, il y a actuellement “une opportunité forte de pouvoir accélérer la recherche sur des nouvelles technologies vaccinales”, tant les pouvoirs publics sont prêts à investir dans des projets de vaccin face à la pandémie.

Le secteur est en pleine croissance. Il représente environ 35 milliards de dollars en 2020, contre moins de 5 milliards de dollars en 2000, selon le BCG. D’ici cinq ans, le marché pourrait peser plus de 50 milliards de dollars.

Pourquoi un tel potentiel? Pêle-mêle, l’accès progressif des populations de pays pauvres à des vaccins, mais aussi le développement de produits combinés, plus complexes à réaliser et vendus plus chers. Sans oublier de nouveaux vaccins comme celui contre le papillomavirus, et d’autres en développement, comme un potentiel vaccin contre la maladie de Lyme.

Quant à ce que pourrait rapporter un vaccin contre le Covid-19, c’est l’inconnue, faute de connaître le prix qui pourra lui être fixé. La plupart des acteurs s’accordent à dire qu’il doit être accessible, en tout cas durant la pandémie. Difficile toutefois de savoir si un vaccin potentiel devra être renouvelé chaque année, ce qui pourrait changer la donne.

De quoi faire fortune? Certains laboratoires ont cédé leur branche vaccins, comme le Suisse Novartis, privilégiant notamment l’immunothérapie, où les traitements peuvent se monnayer des milliers d’euros contre tout au plus une centaine d’euros pour un vaccin.

Mais l’activité vaccins reste toutefois loin d’être négligeable: elle a rapporté près de 6 milliards d’euros à Sanofi en 2019, près de 7 milliards d’euros à Merck, et quasiment 8 milliards d’euros à GSK. – AFP

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