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Essais cliniques : le remdesivir et l’hydroxychloroquine, les deux antiviraux les plus « prometteurs »

Dans la lutte contre le Covid-19, les essais cliniques dans le monde s’enchaînent. Outre les études, de nombreux médicaments font actuellement l’objet de recherches dans le monde, dont le remdesivir et l’hydroxychloroquine qui semblent être les deux antiviraux les plus prometteurs selon les experts. On fait le point avec le virologue Dr Nand Pyndiah et le Dr Irfaan Daureeawoo qui exercent aux côtés des patients atteints du Covid-19 en Angleterre.

Dr Nand Pyndiah, virologue.
Dr Nand Pyndiah, virologue.

Les essais cliniques dans le monde

« Chaque jour, on arrive à connaître un peu mieux le virus. Cependant, on avance à tâtons en attendant les résultats des essais cliniques qui sont en cours », explique le Dr Irfaan Daureeawoo, médecin à l’hôpital universitaire du Mid Essex, au Royaume-Uni, où il s’occupe des patients atteints du Covid-19.

Tous les experts de la santé attendent avec impatience les retombées des différents essais cliniques qui ont été lancés depuis peu. En Europe, l’essai clinique baptisé « Discovery » a été lancé le 29 mars et concerne 3 200 patients de divers pays d’Europe. Ce sont la France, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, l’Allemagne et l’Espagne. Au Royaume-Uni, l’essai clinique « Recovery », coordonné par deux chercheurs de l’université d’Oxford avec plus de 5 000 patients, est actuellement réalisé. Les premiers résultats sont attendus dans les prochaines semaines. Le but : trouver un antiviral efficace contre le Covid-19.

Des résultats prometteurs

Aux États-Unis, plusieurs recherches sont également entamées et concernent surtout des médicaments existants avec deux approches : des antiviraux pour combattre directement le virus et des médicaments qui agissent sur le système immunitaire afin de contrôler la réaction inflammatoire de l’organisme.

Depuis peu, parmi les médicaments qui suscitent le plus d’espoir, on retrouve le remdesivir, un traitement déjà testé pour Ebola. Selon une étude américaine publiée par l’Institut national des maladies infectieuses, le médicament antiviral du laboratoire Gilead Sciences Inc semble montrer des résultats prometteurs. [Mis à jour : l’essai clinique vient de connaître un échec mais ni Gilead Sciences, ni l’OMS n’ont encore abordé le sujet]

Dr Irfaan Daureeawoo, en Angleterre.
Dr Irfaan Daureeawoo, en Angleterre.

« On attend toujours les conclusions de cette étude, mais c’est encourageant de voir que ce médicament en question aiderait à ralentir la progression du Covid-19 dans l’organisme. On fait face à un virus qui agit très vite et dont les dégâts peuvent être très conséquents. Si on arrive à stopper la progression du virus dans le corps, on limite ainsi l’aggravation de l’état du patient », explique le virologue Dr Nand Pyndiah.

Par contre, le Dr Irfaan Daureeawoo n’est pas tout à fait convaincu par ce traitement. « Il s’agit d’un médicament peu commun. Du coup, il n’est pas facilement accessible, comme c’est le cas de la chloroquine. »

L’espoir de l’hydrochloroquine persiste

Dans la plupart des essais cliniques en cours, on retrouve la chloroquine et l’hydroxychloroquine. De nombreux pays traitent leurs patients positifs au Covid-19 avec ce médicament, mais aucun résultat scientifique n’est encore concluant, car les études menées ont été faites à petite échelle jusqu’à présent.

« À ce jour, on ne sait pas si la chloroquine est vraiment efficace, mais elle peut contribuer à améliorer les conditions du patient. De plus, ce traitement ne s’adresse pas à tous les patients, notamment chez les cardiaques, car les effets secondaires peuvent être importants. En Angleterre, on ne traite pas les seniors et les cas sévères avec ce médicament. Le risque est trop important », précise le Dr Irfaan Daureeawoo pour qui la prudence doit être de mise.

Traitement disponible dans quelques mois

Ensuite, il y a l’association de lopinavir et de ritonavir qui est un traitement homologué de l’infection à VIH. « Pour le Covid-19, le MERS et le SRAS, il n’a pas encore été démontré que cette association de médicaments peut traiter ou prévenir l’infection », fait comprendre le virologue Dr Nand Pyndiah. Pour l’OMS, cet essai vise à repérer et à confirmer qu’il existe un bénéfice pour les patients atteints du Covid-19. Des expériences de laboratoire indiquent que cette association peut être efficace contre le Covid-19, mais les études menées à ce jour sur des patients n’ont pas été concluantes. Le quatrième traitement fait mention de l’association de lopinavir/ritonavir et l’interféron bêta-1a qui est normalement utilisé pour traiter la sclérose en plaques.

Cependant, la disponibilité de ces traitements ne se fera pas pour tout de suite. « Malgré le fait que tout va très vite en ce moment et que le timing de la recherche clinique est accéléré, ce qui est inédit, le traitement qui sera le plus efficace et scientifiquement prouvé comme étant fiable et sans risque ne sera pas une réalité tout de suite. On parle d’un mois ou deux. Entre-temps, il faudra toujours continuer à soigner les patients comme on le peut, avec les moyens du bord », conclut le Dr Irfaan Daureeawoo.

Essai clinique « Solidarity » de l’OMS

« Solidarity » est un essai clinique lancé par l’Organisation mondiale de la Santé et ses partenaires dans le but de trouver un traitement efficace contre le Covid-19. L’essai comparera quatre options thérapeutiques par rapport à des soins standard pour évaluer leur efficacité relative contre le Covid-19. Cet essai vise à déterminer rapidement si l’une des quatre options thérapeutiques permet de ralentir la progression de la maladie ou d’améliorer les chances de survie.

En raison de la charge que le Covid-19 fait peser sur les systèmes de santé, l’OMS a considéré qu’il était nécessaire d’effectuer un essai plus rapidement et à plus grande échelle. Normalement, la conception et le déroulement des essais cliniques randomisés durent des années, mais, dans le cadre de l’essai Solidarity, ces délais seront réduits de 80 %.

Les quatre options thérapeutiques à l’étude :

1. Remdesivir
2. Lopinavir/ritonavir
3. Lopinavir/ritonavir avec interféron bêta-1a
4. Chloroquine ou hydroxychloroquine

Le vaccin, la seule option pour en finir avec le Covid-19

Les experts sont unanimes. Seul un vaccin pourra mettre un frein au Covid-19. « Le but est d’avoir un vaccin qui puisse prévenir le Covid-19 et non pas que des médicaments pour soigner les patients. Le vaccin renforce le système immunitaire afin de lutter contre le virus et aide ainsi les gens à ne pas tomber malades », indique le Dr Daureeawoo. Actuellement, très peu d’essais sur l’homme sont en cours, mais environ 80 équipes dans le monde travaillent actuellement sur l’élaboration d’un vaccin.

En Angleterre, les chercheurs de l’université d’Oxford visent à obtenir un million de doses d’un vaccin d’ici septembre et commencent les essais sur l’homme cette semaine. 540 personnes âgées de 18 à 55 ans sont concernées par ce vaccin expérimental pour l’heure. Un deuxième essai est prévu par l’Imperial College de Londres en juin selon le Daily Mail.

En Allemagne, la société BioNTech va également lancer un essai clinique auprès de 200 volontaires sains âgés de 18 à 55 ans. Cette étude sera par la suite menée aux États-Unis par le laboratoire Pfizer. Au total, environ 150 projets de vaccins sont actuellement en cours dans le monde.

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