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Tentatives de suicide : 540 cas d’hospitalisation en 2021

Le suicide reste l’une des causes principales de mortalité. Comment détecter les appels de détresse d’une personne suicidaire ? C’était la question posée aux invités de l’émission Allô Docteur, sur Radio Plus le mardi 18 octobre. Le Dr Salim Hollee, consultant en psychiatrie à l’hôpital Jeetoo, et Jotee Kawol-Kalloa, psychologue, ont évoqué surtout sur les causes de ce fléau.

Dr Salim Hollee, consultant en psychiatrie à l’hôpital Jeetoo

Selon le Health Statistics Report, les cas de suicide sont en hausse dans le pays. De 106 cas en 2017, le nombre de suicides est passé à 132 cas en 2021. Parmi les 540 hospitalisations à la suite d’une tentative de suicide, on retrouve 280 hommes et 259 femmes. Pour s’attaquer au problème de suicide dans le pays, le Dr Salim Hollee, consultant en psychiatrie à l’hôpital Jeetoo estime que l’emphase doit être mise sur la prévention et la prise en charge de ceux qui ont fait des tentatives de suicide qui sont d’ailleurs plus nombreux. « Le suicide en lui-même est un acte déjà accompli », a-t-il expliqué.

Il a fait comprendre que les jeunes sont les plus concernés. « On retrouve surtout les adolescents et les jeunes adultes », a-t-il souligné. Quid des raisons qui pousseraient les jeunes vers le suicide sont nombreuses ? Selon Jotee Kawol-Kallooa, psychologue et clinicienne à l’hôpital A.G. Jeetoo. « dans un premier temps, on voit l’impact de l’internet sur les jeunes. Il y a aussi la pression des pairs et le harcèlement. Souvent l’encadrement familial fait défaut ».

Le Dr Salim Hollee estime que de nombreux cas de suicide auraient pu être évités si l’entourage de la personne était plus attentif. En effet, un individu suicidaire se présente souvent avec des signes qui peuvent alerter les gens autour de lui. « Cependant, on voit qu’il y a un manque de communication ou alors une banalisation de ces signes. On pense souvent que la personne ira mieux plus tard ou encore que les signes sont passagers. Or, tel n’est pas le cas chez ceux qui ont des pensées suicidaires », a-t-il fait ressortir.

Du coup, il y a des signes que les parents et les amis doivent surveiller chez leurs proches, notamment l’anxiété et la dépression. « Des événements marquants peuvent aussi déclencher des envies suicidaires. Cela peut être un traumatisme lié à la perte d’une personne proche. La communication reste la clé, car la personne concernée est souvent dans le déni », a indiqué la psychologue.

Jotee Kawol-Kalloa, psychologue.

Pour le Dr Salim Hollee. « la famille, les amis et les collègues jouent un rôle crucial, car la personne qui souffre ne va pas s’ouvrir par elle-même. Le soutien de son entourage va jouer un rôle capital dans la prise en charge rapide pouvant éviter les tentatives de suicide », a souligné le psychiatre. Du coup, la conscientisation du suicide doit se faire auprès du grand public afin que les proches puissent reconnaître les troubles mentaux et venir en aide aux personnes concernées.

« On voit que le plus souvent, les personnes qui ont des envies suicidaires vont se confier à un individu dans leur entourage, comme quelqu’un de la famille ou un collègue. Ces derniers, à ce moment-là, doivent être capables de reconnaître les signes qu’envoie la personne en détresse et apporter son soutien », a précisé le Dr Salim Hollee. Il a précisé qu’il ne faut pas attendre une tentative de suicide pour être alerté, car souvent la personne est déjà « au fond du gouffre ». La prévention du suicide commence surtout à la maison. Les parents doivent être attentifs à leurs enfants. « Il ne suffit pas de suivre son enfant académiquement. Il faut aussi prendre le temps pour voir s’il s’épanouit sur tous les plans », a-t-il conclu.

La santé mentale reste tabou

« De nombreuses personnes savent qu’elles ont un problème mental, mais n’osent pas venir consulter, car le sujet reste encore tabou de nos jours », a constaté le psychologue Jotee Kawol-Kallooa. Il est regrettable de constater que les Mauriciens, par manque de connaissance, associent trop souvent les troubles mentaux à la folie. « De plus, les gens ont peur du regard des autres. Ils pensent qu’ils vont passer pour quelqu’un de fou ou d’amoindri quand on souffre mentalement », a-t-il expliqué.

Befrienders en deux mots

Centre d’écoute pour les personnes en situation de détresse psychologique et émotionnelle, l’association Befrienders existe depuis 1995. Basée à Beau-Bassin, elle fonctionne de 9 heures à 21 heures. L’écoute se fait dans l’anonymat, en toute confidentialité et surtout sans jugement. C’est ce qu’a expliqué Sheila Chokhooree, membre du comité exécutif de l’association Befrienders.

« On donne un support émotionnel pas uniquement aux personnes ayant des envies suicidaires, mais aussi à celles qui veulent se confier et qui sont dépressives », a-t-elle souligné. L’écoute se fait au téléphone, mais l’association propose aussi de faire un face-à-face. « La personne prend un rendez-vous avant de se rendre à l’association. S’il s’agit d’un adulte, il peut venir directement et seul, mais pour un mineur, il doit être accompagné », a indiqué Sheila Chokhooree. Les volontaires de Befrienders sont joignables sur le 800 9393, 5483 7233 (WhatsApp) et le 467 0160.

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