Préserver ses genoux : prévenir les blessures et les douleurs pour continuer à bouger

Ils nous portent chaque jour, absorbent nos pas, nos courses et parfois nos sauts : nos genoux sont des articulations essentielles à notre mobilité. Pourtant, c’est aussi l’une des parties du corps les plus fragiles. Le Dr Mithil Rambhojun, chirurgien orthopédiste à l’hôpital Victoria, a partagé ses conseils dans l’émission Allô Docteur, avec Jean-Marie St Cyr.

Sollicités dès le plus jeune âge, les genoux peuvent souffrir de traumatismes chez les sportifs comme d’usure avec les années. À tout âge, les problèmes de genoux peuvent freiner notre quotidien. Il s’agit d’une articulation à la fois complexe et fragile selon le Dr Mithil Rambhojun. « Le genou est une articulation charnière qui relie le fémur, le tibia et la rotule. Son rôle est fondamental : il permet de plier, d’étendre la jambe et d’absorber les chocs à chaque mouvement. Pour assurer cette mobilité, il est stabilisé par des ligaments, amorti par des ménisques et protégé par du cartilage. Mais cette sophistication fait aussi sa vulnérabilité », a-t-il expliqué.

Chez les jeunes, notamment les sportifs, les blessures surviennent souvent à la suite de faux mouvements, de chocs ou de surmenage. Les déchirures ligamentaires, comme la rupture du ligament croisé antérieur, et les lésions méniscales sont parmi les plus fréquentes selon le médecin. Elles nécessitent parfois une chirurgie et une rééducation prolongée. Et chez les personnes âgées, c’est l’arthrose du genou qui devient la principale cause de douleur et de handicap. « L’usure progressive du cartilage entraîne raideur, gonflement et douleur, limitant les activités quotidiennes », a-t-il indiqué.

Quand consulter ? Une douleur passagère liée à un effort inhabituel n’a généralement rien d’inquiétant. Mais certains signaux doivent alerter dont une douleur persistante qui s’aggrave à l’effort, un genou gonflé ou rouge, une sensation d’instabilité ou de blocage ou encore une difficulté à plier ou à tendre complètement la jambe. « Un diagnostic précis est essentiel pour proposer le bon traitement, qu’il s’agisse d’une simple rééducation, d’une infiltration ou d’une chirurgie », a-t-il fait ressortir le Dr Rambhojun.

Les clés de la prévention

Bonne nouvelle : il est possible de protéger ses genoux en adoptant certains réflexes au quotidien. Dans un premier temps, bouger régulièrement mais intelligemment est recommandé. « Le mouvement entretient le cartilage et renforce les muscles qui stabilisent l’articulation », a-t-il souligné. Marche, natation, vélo doux ou yoga sont des activités particulièrement bénéfiques. À l’inverse, les sports à impacts répétés sollicitent davantage les genoux, il faut donc savoir doser et varier les activités selon le médecin. Ensuite, il y a le renforcement des muscles qui est bénéfique car un genou bien soutenu par des quadriceps et des ischio-jambiers solides est moins exposé aux blessures.

Autre recommandation du médecin : toujours s’échauffer et s’étirer avant un effort sportif. « L’échauffement prépare les muscles et les ligaments. Après l’activité, quelques étirements favorisent la récupération. Ces gestes simples préviennent les entorses et les tendinites », a-t-il ajouté. Et en faisant du sport, il faut des chaussures adaptées, avec un bon amorti et une semelle en bon état, ce qui va aider à réduire les chocs. Ensuite, il est important de surveiller son poids car chaque kilo supplémentaire représente une charge additionnelle pour les genoux. « Un excès pondéral multiplie le risque d’arthrose. Adopter une alimentation équilibrée et maintenir un poids de santé est donc une mesure de prévention majeure », a-t-il tenu à préciser.

Des traitements de plus en plus performants

Lorsqu’une pathologie du genou s’installe, la prise en charge dépend de son origine et de sa gravité selon lui.

• La rééducation et la kinésithérapie : elles sont au cœur du traitement de nombreuses douleurs. Le renforcement musculaire et les techniques de physiothérapie améliorent la stabilité et réduisent la douleur.
• Les médicaments et infiltrations : les anti-inflammatoires peuvent soulager ponctuellement. Dans certains cas, des infiltrations de corticoïdes ou d’acide hyaluronique apportent un répit, notamment en cas d’arthrose.
• La chirurgie : elle est parfois nécessaire, notamment pour réparer un ligament rompu, enlever un fragment de ménisque abîmé ou remplacer une articulation trop usée par une prothèse.

« Aujourd’hui, les techniques chirurgicales ont beaucoup évolué, avec des interventions mini-invasives qui permettent une récupération plus rapide », a aussi fait comprendre le Dr Rambhojun en soutenant que nos genoux sont de véritables piliers de notre mobilité. « Leur complexité en fait une articulation fragile, mais aussi essentielle à notre quotidien. Blessures sportives ou arthrose liée à l’âge, les problèmes de genoux peuvent toucher tout le monde. Prévenir, c’est avant tout adopter un mode de vie actif, entretenir sa musculature, surveiller son poids et respecter certaines règles de bon sens », a-t-il conclut.

Vivre avec des genoux fragiles

Quand la douleur s’installe, il ne faut pas pour autant renoncer à bouger. L’inactivité accentue l’atrophie musculaire et aggrave les problèmes articulaires. La clé est d’adapter son activité en privilégiant les sports doux, fractionner les efforts, utiliser une canne si nécessaire, mais surtout rester en mouvement.

L’accompagnement psychologique et social est aussi important. Pour certaines personnes âgées, la perte de mobilité liée à l’arthrose entraîne isolement et perte d’autonomie. Un suivi global, incluant médecins, kinés, nutritionnistes et proches, est alors nécessaire pour maintenir une bonne qualité de vie.