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Le bonheur, une affaire personnelle ou une quête universelle ?

Et si notre obsession pour le bonheur nous éloignait, justement, de ce que l’on cherche à atteindre ? Entre injonctions au bien-être et promesses de recettes miracle, le bonheur est devenu un enjeu de société. Mais derrière les slogans, que nous dit vraiment la science ? Une étude nord-américaine, récemment publiée dans la revue Nature Human Behaviour, vient remettre en question plusieurs idées reçues.

Depuis quelques années, le bonheur s’impose comme un objet d’étude légitime. Psychologues, économistes et sociologues unissent leurs efforts pour percer les ressorts de l’épanouissement humain. C’est dans ce cadre que des chercheurs issus de plusieurs universités nord-américaines ont analysé les trajectoires de plus de 40.000 personnes réparties dans cinq pays. Pendant près de 30 ans, ils ont scruté leur niveau de satisfaction générale ainsi que leur relation à cinq dimensions essentielles de l’existence, à savoir la santé, les revenus, le logement, le travail et les liens sociaux.

Il s’avère qu’il n’existe pas une, mais une multitude de manières d’être heureux, propres à chaque individu et à chaque contexte. Pour certains, le bonheur repose sur des critères tangibles comme le revenu, l’emploi ou le logement. Pour d’autres, il dépend de traits intimes tels que la résilience ou la recherche de sens. Certains combinent ces deux dimensions, tandis qu’une minorité semble déroger à tout modèle préétabli.

Ces découvertes remettent en question les deux grands modèles théoriques jusqu’ici dominants. Le premier, qualifié d’”ascendant”, suppose que le bonheur découle de la satisfaction dans les différents domaines de la vie. Le second, dit “descendant”, avance que certaines dispositions personnelles, comme l’optimisme ou la stabilité émotionnelle, influencent notre perception du bonheur indépendamment des circonstances extérieures.

Cette étude propose une troisième voie, plus souple et proche du réel : celle d’un modèle bidirectionnel où facteurs internes et externes s’entrelacent. “Ces questions sont traitées séparément, mais ce n’est pas le cas en réalité. Elles s’alimentent mutuellement au niveau individuel”, explique Emorie Beck, professeure adjointe de psychologie à l’université de Californie à Davis et première autrice de l’étude, dans un communiqué.

Pour favoriser le bien-être, il conviendrait donc d’imaginer des politiques publiques capables d’intégrer cette diversité, plutôt que de s’en tenir à des recettes universelles. “Nous devons comprendre les sources du bonheur pour mettre en place des dispositifs d’intervention efficaces”, souligne Mme Beck. En d’autres termes, élever le niveau de bonheur d’une société passe par une prise en compte fine des individus. Une même politique peut transformer la vie des uns et ne rien changer pour les autres.

Loin des approches réductrices, cette étude rappelle que le bonheur n’obéit à aucune formule magique. Il est complexe, propre à chacun, parfois même insaisissable. Mais une chose semble certaine : pour mieux le comprendre, il faut cesser de le penser comme un standard universel. Et commencer à le concevoir à hauteur d’individu.

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