Troubles sensoriels et cognitifs sont parmi les symptômes de la maladie de Parkinson mais que savons-nous au juste de cette maladie dégénérative qui touche la population vieillissante ? Le Dr Irfaan Daureeawoo, gériatre avec un intérêt particulier pour la maladie de Parkinson revient sur les principaux faits.
« La maladie de Parkinson se définie comme étant une maladie dégénérative du cerveau associée à des symptômes moteurs et non moteurs », explique le gériatre Dr Irfaan Daureeawoo. Les symptômes moteurs sont caractérisés par des mouvements lents, tremblements, rigidité et déséquilibre tandis que les symptômes non moteurs sont notamment des troubles cognitifs, de la santé mentale, du sommeil, des douleurs et la constipation entre autre.
« La progression de ces symptômes mènes vers un nombre conséquent d’invalidité et de nécessité en matière de soins. Un grand pourcentage de patients atteintes de la maladie de Parkinson développe par la suite une démence au cours de leur maladie », fait comprendre le médecin. Mondialement, le handicap et la mortalité liée à la maladie de Parkinson accentue plus rapidement que pour tout autre trouble neurologique selon lui. D’ailleurs, selon l’estimation de l’OMS, environ 8,5 millions de patients souffraient de la maladie de Parkinson en 2019. L’OMS avance aussi qu’en 2019, la maladie de Parkinson avait causé 329 000 de mort, qui compte une augmentation de plus de 100 % depuis 2000.
Et pour ce qui est du diagnostic, il se fait par un examen clinique. « Ce diagnostic ne se pose pas nécessairement pendant la première visite du patient mais dans nombreuse de cas après un suivi. D’autres maladies de troubles du mouvement peuvent également imiter les symptômes de la maladie de Parkinson et c’est ce qui engendre la complexité d’un diagnostic précis pendant les premières rencontres du patient », indique le Dr Irfaan Daureeawoo. Le diagnostic peut non seulement être posé par des neurologues, mais aussi par des membres du soin de santé ayant été formés dont un gériatre ou des infirmiers avec une compétence en maladie de Parkinson.
Symptômes
Parmi les symptômes, on retrouve aussi une lenteur d’exécution des mouvements, sans perte de force musculaire qui se décrit comme la bradykinésie selon le médecin. « Ce ralentissement de mouvement est souvent associé à une difficulté d’initier un mouvement pouvant progressivement aller jusqu’à l’incapacité totale, nommé l’akinésie. La bradykinésie est principalement détectée par l’examen clinique. Plusieurs échelles sont aussi mises à la disposition pour mesurer l’évolution de la bradykinésie. Aussi en discutant avec les patients, ils révèlent une gêne à l’écriture, des gènes à se raser, des difficultés à fermer la fermeture d’éclaire ou de boutonné », précise-t-il.
Dans la maladie de Parkinson, le tremblement est principalement un tremblement de repos, unilatéral et asymétrique. Par contre, il faut savoir que seule 70% des patients se manifeste avec un tremblement selon le gériatre alors que la plupart des patients se plaignent aussi de la raideur des extrémités ou de la nuque, révélant une rigidité. « Les signes non moteurs ne doivent pas être négligé non plus. A un stade précoce, les signes non moteurs peuvent être prédominant ou en parallèle avec une lenteur de mouvement. Une sommeil interrompu, somnolence de journée, la constipation, une dépression, de l’anxiété ou des douleurs sont des symptômes communs », ajoute-t-il tout en indiquant que le diagnostic est clinique en particulier dans un syndrome parkinsonien typique, et que d’autre examen complémentaire n’est pas justifié sauf chez les patients de moins de 40 ans. « En cas de doute, une imagerie fonctionnelle peut être fait comme le DaTscan », souligne-t-il.
Facteur de risque
• Age : Affecte principalement les personnes de 60 ans et plus. Le risque de développer la maladie accentue avec l’âge.
• Sexe : Plus d’hommes que de femmes souffrent de la maladie de Parkinson.
• Emploi : Certains emplois, comme les agriculteurs, les employés dans des usines, qui sont exposés à certains produits chimiques ou toxines augmentant le risque de développer la maladie de Parkinson.
• Environnement : exposition au pesticides et la pollution d’air.
« Malheureusement, la maladie de Parkinson n’a pas de traitement curatif. Mais, il existe des médicaments, des options chirurgicaux et d’autres thérapies permettant de traiter et alléger les symptômes. La lévodopa qui se transforme en dopamine dans le cerveau est le médicament le plus commun et le plus efficace et se trouve sur la liste modèle d’OMS des médicaments essentiels », fait ressortir le Dr Daureeawoo. Cependant, de nombreux médicaments et d’option chirurgicales tels que la thérapie de stimulation cérébrale profonde (SCP) n’est pas accessible dans le monde entier selon lui.
La prise en charge non pharmacologique telle que la réadaptation a un rôle primordial pour soulager les patients non seulement dans la maladie de Parkinson mais dans nombreuses maladies neurodégénératives. « La physiothérapie, incluant des exercices permettant à améliorer la force et l’équilibre, contribue à optimaliser le fonctionnement et la qualité de vie des patients souffrant de la maladie de Parkinson. Ces technique et support peuvent sans doute diminuer la pression sur les aidants », estime le gériatre.
Pour ce dernier, il est important que les patients restent actif et il faut les encourager à faire de l’exercice. En pratiquant une activité physique, cela augmente la mobilité, et aide à lutter contre une dépression. Un programme d’exercices particulier peut être suggérer comme la marche, la natation et le jardinage.
La prise en charge
La prise en charge doit se focaliser sur l’individu dans l’ensemble ainsi que la considération de son entourage. « Vue que le traitement n’est pas curatif, mais plutôt pour alléger les symptômes, une discussion franche avec le patient est primordiale. En absence de symptômes qui gêne le fonctionnement de l’individu au quotidien, certains patients souhaitent retarder l’initiation du traitement à cause des effets secondaires. Mais d’autres patients préfèrent commencer à un stade précoce », constate-t-il. De ce fait, la prise en charge des patients de la maladie de Parkinson se fait souvent en milieu ambulatoire où une approche méthodique est faite avec des discussions claires avec le patient ainsi qu’aux proches si le patient le souhaite.
Le suivi par télémédecine
L’introduction à la télémédecine peut également être utile selon le Dr Irfaan Daureeawoo. « Durant la pandémie de Covid-19, l’accès au soin étant réduite, la télémédecine était essentielle pour un suivi des patients. La télémédecine permet d’augmenter l’accès thérapeutique pour les personnes atteintes de la maladie de Parkinson ainsi qu’un suivi régulier », estime-t-il.
Un autre obstacle décrit par les patients est l’ignorance et la conception inexact sur la maladie de Parkinson selon lui. Par exemple, certains pensent encore que c’est une maladie qui serait contagieuse. « Je mets l’emphase qu’il est très important que les patients souffrant de la maladie de Parkinson ne soient pas victimes de stigmatisation, ni subissent une discrimination injuste dans leur milieu professionnel. L’encadrement communautaire, professionnelle et sociale est crucial pour ces individus et leur proches », tient à souligner le médecin.