L’obésité infantile peut avoir de graves conséquences

Le surpoids et l’obésité infantile peuvent avoir de graves conséquences à l’âge adulte. C’est ce que le Dr Vinita Poorun, consultante en pédiatrie à l’hôpital SSRN à Pamplemousses, et Lavanya Sunassy Pater, spécialiste en nutrition clinique, ont fait ressortir. Elles étaient les invitées de l’émission Allô docteur.
L’obésité est une maladie qu’il faut prendre en considération. Un changement de style de vie est important afin de ne pas en subir les conséquences. C’est ce qu’a fait comprendre le Dr (Mme) Vinita Poorun, consultante en pédiatrie à l’hôpital SSRN à Pamplemousses. Selon son constat, il y a une hausse de l’obésité infantile à Maurice. Le pays suit ainsi la tendance mondiale. « 20 % de nos enfants sont en surpoids et 10 % sont obèses », a-t-elle affirmé au micro de Caroline et Jean-Marie au cours de l’émission Allô docteur de Radio Plus. Se référant à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), elle a ajouté que le surpoids et l’obésité ne concernent pas seulement les pays à hauts revenus, mais aussi ceux à revenus moyens et même pauvres. Cela en raison du changement de mode de vie où on pratique moins d’activité physique et privilégie la mauvaise alimentation.
La spécialiste en nutrition clinique Lavanya Sunassy-Pater a rappelé que l’obésité et le surpoids sont une accumulation de graisse corporelle. Cela est déterminé à travers l’indice de masse corporelle (IMC) qui est calculé par rapport à la taille et au poids. Si la valeur dépasse la courbe de corpulence, cela indique le surpoids ou l’obésité. Selon la pédiatre, ce problème de santé concerne à la fois les filles et les garçons, alors que quelques années de cela, ce nombre était plus élevé chez les garçons. Elle a aussi fait ressortir que les parents devraient prendre rapidement les mesures appropriées dès qu’ils remarquent que leur enfant est en surpoids. Cela afin de prévenir les nombreuses conséquences qui peuvent survenir, dont le décès prématuré et les divers types de maladies non transmissibles.
Éviter la sensation de manque

Le Dr Poorun a expliqué qu’il est important de suivre la courbe de croissance de son enfant dès la naissance. C’est-à-dire tous les mois pendant les six premiers mois ; tous les deux mois jusqu’à l’âge d’un an ; tous les trois mois jusqu’à l’âge de deux ans ; tous les six mois jusqu’à l’âge de 5 ans et tous les ans jusqu’à l’âge de 10 ans. En cas de problème d’obésité, l’alimentation doit être revue.
Afin d’éviter le surpoids et l’obésité chez l’enfant, tout commence avant la conception. Ainsi avant la conception, une femme devrait s’assurer d’être en bonne santé avant d’envisager de faire un enfant. Une fois enceinte, elle devrait veiller à son alimentation et ne pas manger pour deux, contrairement à l’adage populaire. « C’est la qualité de son alimentation qui est importante et non la quantité », a fait comprendre le Dr Poorun. Un avis que la spécialiste en nutrition clinique a soutenu.
Selon elle, le risque est plus grand de donner naissance à un enfant en surpoids si la maman est déjà en surpoids. Et si l’enfant reste en surpoids, il risque de devenir obèse, a-t-elle expliqué. « La maman doit faire attention à son alimentation et surveiller ce qu’elle consomme durant la grossesse », a-t-elle ajouté. La mère doit, par exemple, éviter les produits sucrés ou salés pour répondre ainsi à leurs « envies » qui sont plutôt une sensation de manque. « C’est important d’avoir une quantité suffisante de féculents et de protéines, sans oublier les fruits et légumes qui sont importants durant la grossesse », a-t-elle précisé. Il faut essayer autant que mal de le faire, même si pendant les premiers trois mois, c’est difficile avec les vomissements et la perte d’appétit. Elle estime que le danger est de manger davantage afin de compenser ce qu’on n’a pas consommé durant les trois premiers mois. « La maman doit être physiquement active également pour bien prendre soin de sa santé et celle de son bébé également », a précisé la spécialiste en nutrition clinique.
Les bébés prématurés risquent d’être obèses
Même les bébés qui sont nés de petit poids ou prématurément sont à risque de devenir obèses, explique le Dr Vinita Poorun. Selon elle, ayant été privés durant la période gestationnelle, ils ont tendance à devenir gourmands et leur poids peut grimper rapidement, ce qui peut alors engendrer l’obésité. Leur risque de devenir diabétique est plus élevé également ainsi que le développement de problèmes cardiovasculaires, a-t-elle expliqué. Elle a aussi soutenu qu’un bébé né à terme avec un poids élevé ne deviendra pas forcément obèse. Son alimentation doit être, cependant, surveillée.
« Ce qu’il faut retenir, c’est qu’un bébé doit être nourri au sein exclusivement durant les premiers six mois de sa vie, car le lait maternel est le nutriment le plus complet pour sa croissance. Même s’il va prendre du poids, ce ne sera pas en graisse, mais en muscles. Le lait infantile vendu dans le commerce a tendance à être plus gras ou plus sucré et cela va emmagasiner la graisse », a-t-elle dit.

Selon Lavanya Sunassy-Pater, le lait maternel est important à la naissance. Elle fait aussi ressortir qu’après les six premiers mois, l’alimentation du bébé sera déterminante pour son poids en fonction de la quantité de calories qu’il consomme et la quantité d’énergie qu’il dépense. Elle a soutenu que bien souvent, l’enfant consomme plus que ce qu’il dépense. De surcroît, les enfants ont tendance à manger sucré, salé et gras, tandis que les parents ont aussi tendance à choisir la solution facile en se rabattant sur les fast-foods quand ils n’ont pas le temps de préparer à manger. Les enfants sont aussi exposés aux boissons gazeuses et jus en briques sucrés. Ils ont une alimentation pauvre en vitamines, minéraux et les fibres alimentaires qu’on retrouve dans les légumes. Ainsi, le risque de souffrir d’obésité et de surpoids est plus grand. Et nombreux sont ceux qui ne pratiquent pas une activité non plus et sont le plus souvent devant leur écran. Ce sont des facteurs qui mettent un enfant plus à risque de devenir obèse.
Dangers des produits industriels
Les produits industriels ont des additifs qui peuvent avoir une influence sur la santé de l’enfant, selon Lavanya Sunassy-Pater. Pour cette dernière, il est préférable de donner à son enfant des aliments préparés à la maison que les produits industriels. En sus de contenir des additifs, ils sont parfois sucrés, trop salés ou trop gras. Elle explique qu’à l’introduction des aliments variés chez l’enfant qui se fait à partir de six mois, il ne faut pas ajouter ni sel ni sucre et privilégier le naturel afin de ne pas l’habituer au goût sucré ou salé.
Elle suggère la préparation du déjeuner et du goûter de son enfant la veille pour éviter le rush du matin et ainsi esquiver la solution facile à travers les fast-foods à l’école. La journée d’un enfant doit aussi commencer par un bon petit-déjeuner qui est le repas le plus important de la journée. De plus, les fruits, les légumes et les produits laitiers doivent faire partie de l’alimentation quotidienne d’un enfant.
Le petit-déjeuner ne doit pas durer plus de 10 à 15 minutes, selon le Dr Poorun. Il ne faut pas sauter ce repas, car l’enfant a tendance à vouloir trop manger l’après-midi ou le soir alors qu’il ne va pas dépenser de l’énergie.
Conséquences du surpoids
Un enfant obèse sera un adulte obèse. Ce qui peut entraîner des décès prématurés suite à une maladie cardiovasculaire qui peut survenir dès l’âge de 25 ans. Il peut y avoir également des accidents vasculaires cérébraux, ce qui est commun chez les personnes souffrant d’obésité. Il y a aussi les maladies non transmissibles (MNT) ainsi que les cancers : sein, utérus, ovaires, colon, pancréas, prostate et le foie. Il y a aussi le diabète qui est commun aux personnes en surpoids, ce qui peut engendrer des problèmes de foie et de rein chez les enfants. Il ne pourra pas avoir une vie d’adulte saine, car les complications vont commencer à surgir.