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Cancer du sein : surmonter la peur pour vaincre la maladie

Vivre avec un cancer n’est, certes, pas évident, mais il est possible de surmonter son angoisse afin de mettre toutes les chances de son côté pour faire face à la maladie. C’est ce qu’ont fait ressortir le Dr Abdool Yashin Mahamodhossen et Hajra Issimdar. Ils étaient les invités de l’émission Allô docteur de Radio Plus.

Le nombre de femmes touchées par le cancer du sein à Maurice est en hausse. Malheureusement, dans bien des cas, nombreuses sont celles qui ne suivent pas leur traitement, car il leur est difficile de gérer la maladie. Une situation que déplorent le Dr Abdool Yashin Mahamodhossen, oncologue à l’hôpital Victoria et Hajra Issimdar, psychologue clinicienne et de la santé à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo. Ils étaient au micro de Caroline et Jean-Marie pour l’émission Allô docteur de Radio Plus.

Hajra Issimdar, psychologue clinicienne
Hajra Issimdar, psychologue clinicienne

Selon la psychologue clinicienne, le cancer du sein entraîne des séquelles physiques, mais aussi psychologiques, et cela découle surtout de la façon de vivre avec la maladie et la manière de faire face à cette épreuve. « Il n’y a pas que de nombreux défis physiques à relever, mais un chaos émotionnel également », a-t-elle expliqué. En effet, parmi les divers sentiments qui habitent une personne touchée par le cancer, on retrouve la peur liée à de nombreux examens à effectuer ainsi que les divers traitements, notamment la radiographie, la mammographie et la biopsie.

« Il est fréquent que la patiente ne sache pas trop à quoi s’attendre et se pose de nombreuses questions. Elle est paniquée », explique Hajra Issimdar. Cette dernière fait ressortir que tout choc émotionnel à gérer engendre un traumatisme, ce qui peut aboutir à une rupture avec sa vie antérieure, sans oublier les changements qui surviennent au fur et à mesure de l’évolution de la maladie. « Il y a un avant et un après, ce qui oblige la personne à se redéfinir et à réorganiser ses priorités », a expliqué la clinicienne. Elle indique aussi que la patiente fait face à une crise existentielle.

Hajra Issimdar déclare : « Quand la patiente prend connaissance du diagnostic, son monde s’écroule ». Ensuite, il y a aussi le déni. En effet, selon elle, certaines femmes refusent d’admettre le fait qu’elles sont touchées par le cancer, car elles avaient le sentiment qu’elles étaient immunisées. Ce qui suscite alors des réactions intenses : la frustration, la colère, la tristesse, le chagrin, la peur de l’inconnu, car elles ne savent pas à quoi s’attendre. Une situation qui incite certaines femmes à ne plus vouloir suivre leurs traitements, tandis que d’autres refusent de s’alimenter et veulent se laisser mourir. Dans d’autres cas, des femmes qui soupçonnent qu’elles ont un cancer après avoir remarqué une grosseur anormale dans leur sein ou sous les aisselles préfèrent « ignorer » la maladie au lieu de subir un test de dépistage et ainsi bénéficier d’un éventuel traitement s’il s’avère qu’il s’agit d’un cancer. « Le cancer n’est pas une fatalité », a tenu à faire ressortir la psychologue clinicienne.

Hajra Issimdar a lancé un appel à l’entourage des patientes atteintes du cancer. Elle leur a demandé de les soutenir, car il est important, qu’elles ne souffrent pas seules et en silence. L’accompagnement psychologique, couplé avec le soutien familial, peuvent aider une patiente à mieux faire face à sa maladie. Cela même si on peut se sentir désarmé et qu’on ne sait pas trop quoi faire. La psychologue clinicienne a fait ressortir qu’il faut faire preuve davantage d’empathie que de pitié et avoir une relation normale avec la personne malade au lieu de la surprotéger.

Malgré l’inquiétude, il est important de chercher un avis médical et un soutien psychologique afin de pouvoir mieux surmonter cette épreuve, a soutenu de son côté le Dr Abdool Yashin Mahamodhossen. Pour lui, il n’y a pas de négociation avec le cancer. Il est important de suivre ses traitements régulièrement afin d’espérer atteindre la guérison. « Il n’est pas normal d’avoir une grosseur dans le sein et c’est pourquoi il faut consulter dès qu’on remarque quelque chose de bizarre ». Pour lui, l’inquiétude que les patientes éprouvent devrait les inciter à se prendre en main et adopter les mesures appropriées pour se faire soigner.

Cancer du sein en hausse

Le nombre de nouveaux cas de cancer est en hausse. Tel est le constat du Dr Mahamodhossen. Selon les chiffres du National Cancer Registry de 2017, 2 461 nouveaux cas de cancer ont été enregistrés, soit 973 chez les hommes et 1 488 chez les femmes. Dont 1 488, 583 de cas du cancer du sein. Le type de cancer le plus commun chez les femmes selon l’oncologue. D’après ce dernier, le cancer du sein touche aussi les hommes, mais il est plus rare, soit deux à trois cas en 2017 par exemple.

Le cancer du sein est associé au facteur hormonal. Ce qui fait que les femmes qui ont eu leurs premières règles tardivement, c’est-à-dire vers l’âge de 14 ans, ont plus de risque d’avoir ce type de cancer que les autres. Il en est de même pour celles qui ont pris la pilule de contraception. Celles qui suivent une thérapie hormonale lors de la période de ménopause, qui ont accouché à un âge tardif ou qui n’ont pas allaité sont également plus à risque d’avoir le cancer du sein.

Test de dépistage

Le test de dépistage du cancer du sein est important afin de pouvoir assurer une prise en charge au premier stade de la maladie. Il devrait se faire à partir de l’âge de 50 ans à travers une mammographie. Cependant, pour les personnes qui ont des antécédents familiaux, il est recommandé de le faire tous les deux ans avant même d’atteindre cet âge. Dans leur cas, c’est une échographie du sein qui est préconisé.

Le dépistage du cancer du sein peut se faire aussi à la maison à travers un exercice d’auto-palpation. Cela doit se faire chaque mois quelques jours après les règles. L’examen commence par l’observation des seins en se plaçant devant un miroir pour vérifier s’ils sont identiques. S’il y a la moindre différence, il est important de voir un médecin pour s’assurer que tout est correct.

La palpation permet de détecter également l’éventuelle présence d’une grosseur. Pour cela, la femme doit avec sa main gauche palper le sein droit et le sein gauche avec sa main droite. Il faut essayer de sentir les différences entre les deux seins.

Les écoulements (sanguin ou sécrétion) du mamelon doivent aussi être observés si la femme n’allaite pas. Tout changement dans la texture de la peau doit aussi être notifié à son médecin comme une texture en peau d’orange par exemple.

Le Dr Mahamodhossen a soutenu que le dépistage est gratuit dans le service de santé public et que les femmes ne devraient pas hésiter à en profiter dès qu’elles remarquent quelque chose d’anormal. Elles pourront alors bénéficier des traitements appropriés dès le début de la maladie et ainsi avoir de meilleure chance de guérison.
Selon lui, une intervention chirurgicale est possible aux stades 1, 2 et 3, mais le traitement doit commencer le plus tôt possible, car la maladie peut évoluer. « Si nous avons raté la maladie au Stade 1, elle risque de se métastaser et se répandre dans tout le corps ». Selon lui, pour la plupart des patients reçus à l’hôpital, ils en sont déjà au stade 2 et 3. Il est rare qu’ils se présentent au stade 1, d’où l’importance du dépistage précoce.

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