[Allô Docteur] Une mauvaise alimentation peut avoir de graves conséquences

Avoir une mauvaise habitude alimentaire peut engendrer des conséquences graves dont les maladies non-transmissibles : diabète, hypertension, maladies cardiovasculaires et certains types de cancer. C’est ce qu’ont fait comprendre Dr (Mme) Nelvina Packiry Poulle, diabétologue, et la nutritionniste, Anju Dreepaul Gowreesunkur, de l’hôpital Victoria.
Manger sain et équilibré est essentiel à une bonne santé tandis que la mauvaise alimentation peut, à long terme, engendrer les maladies non-transmissibles dont le diabète, l’hypertension, les maladies cardiovasculaires et certains types de cancer. Le problème de la mauvaise alimentation est malheureusement commun à Maurice, affirment Dr (Mme) Nelvina Packiry Poulle et la nutritionniste, Anju Dreepaul Gowreesunkur. Elles étaient au micro de Caroline et Jean-Marie lors de l’émission Allô Docteur de Radio Plus.
Selon Dr Packiry Poulle, le problème de la mauvaise alimentation est commun à Maurice tout comme les maladies non-transmissibles (MNT). « Les MNT ne sont pas qu’un problème héréditaire, elles découlent aussi de nos habitudes alimentaires, de notre mode de vie avec une absence ou très peu d’activités physiques. » Elle a déploré qu’en dépit des nombreuses campagnes de prévention, ce problème de santé est toujours présent. Pour elle, « tout doit commencer dès le plus jeune âge afin que les bonnes habitudes durent tout au long de la vie. C’est essentiel d’avoir un apport en protéine maigre et de diminuer toutes les graisses. »
Conseils de diététiciens
La nutritionniste Anju Dreepaul Gowreesunkur, elle, a ajouté que de nombreuses personnes se présentent dans les centres de santé pour suivre des traitements relatifs aux MNT. C’est ainsi qu’en sus de leurs traitements avec un médecin, ces patients sont référés à une nutritionniste pour des conseils sur une alimentation adaptée et accompagnée d’un suivi régulier. « Le nombre de patients touchés par les MNT est en hausse malheureusement, que ce soit pour le diabète, l’hypertension, le cholestérol, les maladies cardiovasculaires et même certains types de cancers. »
Selon Anju Dreepaul Gowreesunkur, il a aussi été noté que le nombre de pré-diabétiques est en augmentation. Ce qui fait que dès le début, un encadrement est proposé pour contrer le problème afin que ces patients pré-diabétiques ne deviennent pas diabétiques car la maladie sera alors irréversible.
« Nous n’attendons pas qu’un patient devienne diabétique, nous essayons d’enrayer le problème avant en lui donnant des conseils appropriés, a-t-elle expliqué. C’est pour cela que nous avons de nombreux patients qui se présentent au dispensaire. Ce problème ne concerne pas que les adultes. Il y a aussi des enfants et des adolescents qui sont atteints et c’est dommage de les voir souffrir d’un surpoids ou de l’obésité. Ainsi, nous avons noté un rajeunissement des maladies non-transmissibles. »
Les bonnes habitudes aux enfants
Avoir une mauvaise alimentation, c’est ne pas consommer un repas équilibré, complet et nourrissant, a ajouté la nutritionniste. « Notre corps a besoin de cinq nutriments essentiels qui ont des fonctions spécifiques. Et chacun a son importance. Il s’agit des protéines, des hydrates de carbone, des graisses, des vitamines et des sels minéraux. Ils doivent être présents dans l’assiette à chaque repas. » Elle précise qu‘une mauvaise alimentation est souvent très riche en graisses saturées, comme la viande et le poulet gras et les fritures, et en sucre et sel. Ce sont aussi des aliments pauvres en fibres alimentaires, vitamines et sels minéraux. « Si nous consommons trop souvent ce type d’aliments (en grande fréquence et en grande quantité), cela aura un impact sur la santé à court et à long terme ».
Anju Dreepaul Gowreesunkur a fait ressortir que les personnes qui ont une mauvaise alimentation seront en manque d’énergie et de concentration. Elles peuvent aussi perdre ou prendre du poids et souffrir, à long terme, de maladies chroniques qui vont s’installer. « Par exemple, un enfant qui mange mal à dix ans, aura peut-être des problèmes de santé dès l’adolescence ou à l’âge adulte (obésité, diabète, hypertension…). C’est pour cela qu’il faut leur montrer les bonnes habitudes dès le plus jeune âge. »
Privilégiez l’équilibre!
Une alimentation équilibrée, c’est un repas qui comporte des féculents (pain, riz, céréales) et qui donne de l’énergie pour nos activités de tous les jours. Il faut aussi une source de protéines essentielles chez les enfants et adolescents en particulier pour les aider à mieux se développer. Il y a deux types de source de protéines : végétale (grains secs) et animales (poulet, poisson et viande). Les protéines végétales doivent être privilégiées car elles contiennent de bonnes graisses et pas de graisse saturée ou de cholestérol.
Le troisième groupe comprend des vitamines et des sels minéraux présents dans les fruits et légumes. Il est important de manger à la fois des légumes cuits et des légumes crus comme les salades riches en vitamine A.
Un petit-déjeuner équilibré se compose de céréales, de lait et d’un fruit. Pour le déjeuner, privilégiez riz, poisson, légumes, salades, et fruits.
Le mal des processed foods
Selon Dr Packiry Poulle, nos habitudes alimentaires ont drastiquement changé depuis ces dernières années en raison de la plus grande accessibilité aux « processed foods » qui contiennent des sucres ajoutés et des conservateurs. « Il y a aussi le fait que le Mauricien mange mal, c’est-à-dire des portions généreuses, plus que ce qui est nécessaire. Il y a une trop grande consommation de féculents et d’hydrates de carbone qui apportent du sucre dans le sang en sus des boissons sucrées qui sont consommées en grande quantité à la place de l’eau. « Il y a souvent des excès », a-t-elle déploré. Ce n’est pas nécessaire d’ajouter du sucre dans le thé, café et autres boissons car l’apport en sucre – donc de l’énergie – est consommé dans le cadre d’un repas équilibré. Tous les aliments et féculents vont être converties en sucre et l’organisme n’a pas besoin de plus que cela. »
Régime v/s régime
Il y a plusieurs types de « régimes » qu’on trouve sur les réseaux sociaux et qui proposent diverses formules pour perdre du poids. Ce sont des « fat » ou « commercial diet » qui n’ont souvent pas de fondement nutritionnel et médical. Si on veut faire un régime, il vaut mieux s’adresser à des gens qualifiés dans le domaine (diététicien, nutritionniste) qui prescriront un « régime » adapté et personnalisé en fonction du poids, de la taille, de l’âge et des condition de santé du patient. Dans des cas, un régime est prescrit pour éviter des carences, a expliqué la nutritionniste.
Les régimes drastiques peuvent s’avérer néfastes pour la santé. Sauter un repas est mauvais et peut générer de l’anémie, des problèmes gastriques, une perte de cheveux etc. En coupant les féculents et graisses, on diminue les autres nutriments essentiels pour l’organisme.