[Allô Docteur] L’infertilité : mieux comprendre les causes pour réussir à concevoir
Un couple sur six serait touché par l’infertilité. Un problème qui ne cesse d’augmenter d’année en année selon le Dr Veyasen Pyneeandee, spécialiste en gynécologie obstétrique dans le privé. Il était l’invité de l’émission Allô Docteur sur Radio Plus pour discuter des différentes causes de l’infertilité et des traitements possibles.
« L’infertilité touche les hommes comme les femmes. Elle affecte 30 % des femmes, 30 % d’hommes, 20 % mixtes et les autres 20 % restent inexpliqués », précise le Dr Veyasen Pyneeandee, spécialiste en gynécologie obstétrique. Plusieurs facteurs sont mis en avant par le gynécologue pour expliquer l’infertilité. « D’abord, il y a l’âge des femmes. De nos jours, elles sont de plus en plus engagées avec leur travail et veulent fonder une famille plus tard. Cependant, au-dessus de 35 ans, le taux de fertilité baisse », explique le médecin.
Ensuite, pour l’infertilité mixte qui concerne le couple, on retrouve les perturbateurs endocriniens. « On en parle moins, mais ici, il s’agit de l’impact de l’alimentation, des pesticides, de l’obésité, du tabac et d’alcool. C’est un problème majeur à Maurice et c’est aussi ce qui explique le faible taux de natalité », ajoute-t-il.
« Il n’y a pas que le mode de vie actuel qui impacte directement sur la fertilité, mais également la consommation abusive de produits sportifs, notamment les hormones et les testostérones qui affectent la qualité des spermes. Il y a également l’endométriose qui serait la cause de 30 à 35 % d’infertilité », indique le docteur.
Préparer une grossesse
Une grossesse se prépare, affirme le Dr Veyasen Pyneeandee. « Souvent, les couples s’y prennent trop tard. Après 35 ans, la situation est plus compliquée et, de plus, dans de nombreux cas, les couples ne prennent pas le temps de faire un bilan pré-fertilité avant d’essayer d’avoir un bébé », fait-il ressortir.
De moins en moins tabou, le problème d’infertilité peut être résolu et c’est ce qui explique que les couples se tournent vers les traitements disponibles pour avoir un enfant. « On voit désormais que les Mauriciens viennent de l’avant pour en parler et consulter. D’ailleurs, même les hommes viennent se renseigner pour leurs femmes », constate le médecin.
Une fois la décision prise de se faire consulter, il est crucial que le couple se déculpabilise. « L’homme est anxieux tout comme la femme qui essaie chaque mois de tomber enceinte et cette anxiété perturbe la fertilité », ajoute-t-il.
Les traitements
Se tourner vers un spécialiste permet de trouver une solution à l’infertilité. Dans un premier temps, une investigation est nécessaire pour dépister le problème. Pour la femme, cela peut être un bilan biologique. Il s’agit d’un bilan hormonal, tandis que pour l’homme, il y a le test de sperme. Vient ensuite l’échographie et pour des investigations plus approfondies, il y a l’hystérosalpingographie (HSG) qui est un examen des trompes et de l’utérus.
« C’est à partir de là que le médecin détermine la source du problème. Si ce dernier est détecté chez la femme, il y a d’autres examens médicaux à faire, notamment une laparoscopie qui permet de diagnostiquer des kystes, d’endométriose et de fibrome. Chez l’homme, la plupart du temps, c’est le taux de sperme qui est bas », fait comprendre le Dr Pyneeandee.
Pour ce qui est des méthodes de procréation, il fait comprendre qu’il existe de nombreuses techniques pour arriver à concevoir un enfant. « Il y a d’abord la stimulation avec des médicaments qui permet de déclencher l’ovulation et également les méthodes chirurgicales », conclut-il.
La procréation assistée
L’infertilité est, selon le Dr Pyneeandee, un problème géographique, mais aussi politique. « Il faudrait travailler sur des lois qui encourageraient davantage la procréation assistée à Maurice », soutient-il. Ce dernier milite pour la possibilité de faire des dons d’ovocytes à Maurice. « Actuellement, ce n’est pas encadré par la loi. De ce fait, je dois me rendre en Inde pour les dons d’ovocytes avec mes patients », indique-t-il. Le don d’ovocytes a ses avantages, surtout chez les femmes de plus de 40 ans qui souffrent de ménopause précoce.
Mieux comprendre l’ovulation
De nombreux couples ne comprennent pas le cycle de l’ovulation. « Ils se posent beaucoup de questions et cherchent la raison d’une infertilité, mais malheureusement, quand on les interroge sur la façon dont ils conçoivent l’ovulation, on constate qu’ils ne comprennent pas. Il ne faut pas se fier à un kit d’ovulation qui indique la période d’ovulation et non pas sa qualité », ajoute-t-il. Sur un cycle de 26 jours, il faut retirer 14 jours pour calculer le jour de l’ovulation. « Il faut alors commencer à avoir les relations sexuelles entre le 12e et le 18e jour pour augmenter ses chances de concevoir. »
Stérilité v/s infertilité
Il est important de savoir différencier entre ces deux termes : stérilité et infertilité. « La stérilité est l’incapacité d’avoir un enfant. En revanche, on parle d’infertilité quand un couple a des relations sexuelles normales et régulières depuis plus d’un an, mais n’arrive pas à concevoir », précise le gynécologue. L’infertilité est répartie en deux : primaire et secondaire. L’infertilité primaire est de n’avoir jamais eu d’enfant et l’infertilité secondaire concerne notamment une fausse couche ou un seul enfant.