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Allô Docteur : Comment gérer les maladies associées au rhumatisme ?

Les maladies liées au rhumatisme sont nombreuses à affecter la qualité de vie des Mauriciens. La goutte, l’arthrite et les inflammations aux joints nécessitent une prise en charge dès l’apparition des premiers symptômes. Pour en savoir plus, le Dr Ouma Devi Koussougbo, spécialiste en rhumatologie à l’hôpital Victoria, et Ashan Purmessur, le président de l’Association of Rheumatology Concerns (ARC), étaient les invités de l’émission Allô Docteur sur Radio.

La Dr Ouma Devi Koussougbo
Dr Ouma Devi Koussougbo

Selon une étude publiée en 2017, Maurice compte plus de 71 000 patients souffrant de rhumatisme et d’autres problèmes musculaires. On note aussi 41 500 personnes ayant des problèmes de goutte, d’arthrite et d’inflammations aux joints. Au total, 111 615 personnes sont touchées par ces complications. « Ces chiffres ont augmenté considérablement depuis 2017. On a remarqué qu’il y a 31 814 personnes avec ces maladies chroniques qui sont suivies de près dans les cinq hôpitaux de l’île », explique le Dr Ouma Devi Koussougbo.

À ce jour, les causes sont encore méconnues selon elle. « On ne sait pas exactement pourquoi une catégorie de personnes souffre de rhumatisme. Certes, des études épidémiologiques évoquent le facteur d’une association génétique, mais ce n’est pas souvent le cas. Il y aurait également l’impact environnemental avec l’air, l’humidité et les bactéries dans l’entourage qui pourraient aussi s’associer au facteur génétique », fait-elle ressortir.

En parlant des causes, elle évoque également les recherches qui font l’association entre les infections et le rhumatisme. Quand le chikungunya est apparu à Maurice en 2005 et 2006, on a vu son impact sur le rhumatisme. Le mode de vie contribue aussi à la prévention du rhumatisme. « En effet, la sédentarité et l’alimentation ont un impact direct », ajoute-t-elle.

Accompagnement des patients

L’Association of Rheumatology Concerns, formée en avril 2018, a effectué plusieurs études sur le sujet. « De nos jours, même les enfants sont touchés par l’arthrite juvénile », indique Ashan Purmessur, le président de l’association.

Ashan Purmessur
Ashan Purmessur

« Dans un premier temps, l’Association of Rheumatology Concerns, qui compte une centaine de membres à ce jour, a été créée pour soutenir et accompagner les patients souffrant de complications rhumatologiques. On souhaite surtout se focaliser sur la détection précoce du rhumatisme, car un traitement qui débute au commencement de la maladie limite la dégénération de l’état du patient. On travaille avec plusieurs autres associations pour expliquer aux gens la définition du rhumatisme et de l’arthrite. On les explique également les symptômes et comment reconnaître ces derniers », indique-t-il.

Selon lui, il y a de nombreuses personnes qui ne se font pas soigner, car elles ont souvent tendance à croire qu’il s’agit d’une douleur anodine. « Elles ont tort, car leur état de santé peut dégénérer au fil du temps. C’est pourquoi une campagne de sensibilisation est importante pour faire comprendre qu’une prise en charge est nécessaire », ajoute Ashan Purmessur. Ce dernier indique qu’il travaille avec le ministère pour mieux encadrer les patients.

Quels sont les patients les plus touchés ?

« Le constat est clair, l’arthrite touche plus les femmes et la goutte les hommes. D’ailleurs, parmi nos membres, 60 % sont des femmes et 40 % des hommes. Désormais, les parents des enfants atteints de rhumatisme juvénile rejoignent également l’association », dit Ashan Purmessur.

Pour sa part, le Dr Ouma Devi Koussougbo a évoqué les traitements biologiques qui ont fait leurs preuves : « Ces médicaments ciblent de façon très spécifique des agents de l’inflammation ».

Les complications liées au rhumatisme touchent les adultes âgés de 40 à 49 ans selon le Dr Ouma Devi Koussougbo. Cette dernière précise aussi qu’il est important de faire la différence entre le rhumatisme et les maladies de la vieillesse. « Souvent, les séquelles du rhumatisme se font sentir en vieillissant. Ainsi, ce ne sont pas tous les seniors qui se plaignent de douleurs, qui ont forcément une condition rhumatologique. Pendant le vieillissement, d’autres facteurs peuvent contribuer aux douleurs, notamment l’arthrose et l’ostéoporose », indique-t-elle.

Quels sont les signes qui doivent alerter ?

La spécialiste en rhumatologie parle de douleurs et de raideur au niveau des jambes et des mains ou encore d’autres douleurs inhabituelles qui rendent les tâches quotidiennes difficiles à faire. Il y a aussi d’autres signes non communs, tels que la fièvre, la sensation de fatigue et le manque d’appétit. « C’est alors qu’il faut se tourner vers un professionnel de la santé pour discerner l’origine de ces douleurs à travers un dépistage. Ces signes ne doivent pas être banalisés et l’automédication doit être évitée à tout prix », ajoute-t-elle.

L’impact de la Covid-19 sur les patients atteints de rhumatisme

Avec les complications liées au rhumatisme, les patients se retrouvent avec une défense immunitaire affaiblie. De ce fait, ils deviennent plus vulnérables aux virus et aux bactéries. « Heureusement, aucun patient affecté par le rhumatisme n’a été infecté par la Covid-19. Cependant, le confinement a eu un impact sur leur santé. Certains n’ont pas pu suivre leurs traitements et ont eu des complications. On a essayé de rester en contact avec eux à travers WhatsApp pour mieux les encadrer pendant le confinement », explique le Dr Ouma Devi Koussougbo.

L’Association of Rheumatology Concerns accompagne également les patients à travers les réseaux sociaux. « Nous avons une assistance psychologique également et surtout on les conseille régulièrement sur les précautions à prendre pour bien se protéger », indique Ashan Purmessur. Ce dernier précise qu’il y a une équipe médicale qui encadre les membres pour un meilleur suivi de la maladie.

L’arthrite juvénile

Le rhumatisme touche également les enfants de moins de 16 ans. C’est ce que font comprendre le Dr Ouma Devi Koussougbo et Ashan Purmessur. « Néanmoins, la détection ne se fait pas assez tôt dans la plupart des cas. On a eu des enfants paralysés parce que les parents ne savaient pas que leurs enfants avaient l’arthrite juvénile », relate le Dr Ouma Devi Koussougbo. Celle-ci estime qu’il n’y a malheureusement pas de statistiques sur le nombre d’enfants atteints.

« De plus, on ne sait pas exactement la cause de l’arthrite juvénile. Il faudrait faire plus de recherches approfondies sur le sujet à Maurice pour bien comprendre comment et pourquoi les enfants sont de plus en plus touchés », ajoute-t-elle. C’est pour cette raison qu’il est conseillé aux parents de se tourner un médecin si son enfant présente des symptômes de rhumatisme afin de pouvoir diagnostiquer le plus tôt possible la maladie et ainsi prévenir les complications. De plus, l’inflammation chronique des articulations chez l’enfant peut affecter sa croissance ou entraîner des déformations des articulations.

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